Amnistie internationale a dénoncé mardi le traitement «honteux» infligé par les autorités chypriotes aux migrants et demandeurs d'asile, maintenus des mois en rétention dans «une prison qui ne dit pas son nom».

«Chypre fait preuve d'un effroyable manque de compassion et d'un mépris total de ses obligations internationales», estime Cherif Elsayed-Ali, le directeur d'Amnistie internationale pour les droits des migrants et des réfugiés.

«Il est honteux de penser qu'au sein de l'Union européenne, des personnes qui n'ont commis aucun crime sont maintenues en rétention dans des conditions comparables à la prison pour des périodes parfois supérieures à 18 mois», ajoute-t-il.

L'organisation fait en outre état de deux cas de femmes, résidentes de longue date à Chypre et mariées à des citoyens de l'Union européenne, placées en rétention tandis que leur jeune enfant - 19 mois et trois ans - était confié aux services sociaux.

Au moins une personne est détenue à Menogia, le principal centre de rétention de l'île, depuis plus de 22 mois, en violation de la règle européenne fixant à 18 mois la durée maximum autorisée, souligne également Amnesty.

Menogia est «une prison qui ne dit pas son nom», dénoncé M. Elsayed-Ali. «Derrière une double barrière en métal, les détenus vivent les uns sur les autres, et ne sont autorisés à quitter le bâtiment que deux heures et demie par jour».

Selon lui, «les autorités chypriotes, qui cherchent à se montrer fermes sur l'immigration, font preuve d'une attitude impitoyable et arbitraire envers les migrants».

Au cours d'une visite début mars, Amnistie a rencontré neuf réfugiés syriens retenus à Menogia, dont au moins un avait déposé une demande d'asile.

«Il est incompréhensible que les autorités chypriotes détiennent des Syriens à Menogia, alors que leur politique est de ne pas renvoyer les Syriens en Syrie», a réagi M. Elsayed-Ali.

Pour lui, la seule explication est qu'il s'agit «d'envoyer un message aux autres Syriens pour leur dire qu'ils ne sont pas les bienvenus» à Chypre.