Le chef du principal parti d'opposition de droite en France, Jean-François Copé, accusé d'avoir favorisé la société de deux proches, a dénoncé lundi une «chasse à l'homme» et proposé deux lois sur la transparence des comptes des partis et des médias.

«Depuis quelques jours, ma personne, mes proches sont l'objet d'une véritable chasse à l'homme», a déclaré à la presse le député-maire de la ville de Meaux, près de Paris, un des ténors de la droite en lice pour la présidentielle de 2017.

Parlant d'une campagne «agressive, voire haineuse» et de «vendetta», il a mis en cause sans les citer «certains organes de presse, si peu regardants sur leur propre déontologie, si peu transparents sur les conflits d'intérêts qui les minent de l'intérieur».

Ils s'érigent «en procureur» et «en juge», a poursuivi celui qui a été mis en cause jeudi par l'hebdomadaire Le Point.

Ce magazine a affirmé qu'Event et Cie, filiale événementielle de la société Bygmalion fondée par deux proches de Jean-François Copé, «a profité de la période faste de la présidentielle (de 2012) pour charger la mule sur certaines prestations facturées à l'UMP hors appel d'offres». La filiale «aurait empoché au moins huit millions d'euros (plus de 12 millions de dollars)» durant cette campagne de 2012 dont il a été le maître d'oeuvre, selon le magazine.

Jean-François Copé avait dès la semaine dernière démenti en bloc ces affirmations.

Lundi, après ses critiques virulentes contre les médias, le patron de l'UMP s'est engagé à mettre l'intégralité de la comptabilité de son parti depuis 2007 (date de l'entrée en fonctions du président Nicolas Sarkozy) à la disposition du public, mais à la condition que les autres partis en fassent de même.

Il a annoncé qu'il déposerait en ce sens à l'Assemblée nationale une proposition de loi pour que tous les partis politiques en France bénéficiant de subventions fassent la «totale transparence» de leur comptabilité depuis 2007. Il a aussi proposé qu'une loi soumette les «principaux dirigeants et salariés des médias» bénéficiant d'aides ou de fréquences attribuées par l'État aux mêmes contrôles que les parlementaires.

Dans l'immédiat, le patron de l'UMP a annoncé qu'il allait mettre sous scellés la comptabilité de ce parti, en attendant l'adoption espérée d'une nouvelle législation.

Plusieurs responsables socialistes ont ironisé lundi sur ces propositions, rappelant que Jean-François Copé avait voté en 2013 contre la loi sur la transparence de la vie politique faisant suite à l'affaire Jérôme Cahuzac. Ce ministre du Budget, chargé de la lutte contre la fraude fiscale et qui avait caché l'existence d'un compte personnel en Suisse, avait démissionné.

Étienne Gernelle, directeur de publication du Point, a dénoncé une «manoeuvre dilatoire», «à pleurer de rire». «Il a trouvé quelque chose pour ne pas donner» les comptes de l'UMP, car «il subodore que cette loi ne sera pas votée», a déclaré le journaliste sur BFMTV.

L'affaire à laquelle est confronté Jean-François Copé survient trois semaines avant l'organisation d'élections municipales en France, qui pourraient se traduire par un sérieux revers pour la majorité socialo-écologiste au pouvoir, très impopulaire.

Depuis l'échec de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012, remportée par le socialiste François Hollande, le parti UMP reste marqué par des divisions très fortes, sans leader clairement établi et sans projet politique finalisé.