Les services de renseignements turcs ont espionné plus de 2000 personnes en Turquie, a déclaré samedi le vice-premier ministre en annonçant des amendements à un projet de loi contesté visant à donner plus de pouvoir à l'agence du renseignement.

«Jusqu'à aujourd'hui, l'agence nationale du renseignement  (MIT) a mis sur écoute 2473 personnes par décision de justice» dont «plus de la moitié sont des étrangers», a déclaré aux journalistes Besir Atalay à Ankara, ajoutant que ces écoutes visaient spécifiquement des cas de terrorisme ou d'espionnage

Le projet de loi dont les députés ont commencé à débattre samedi vise à permettre au  MIT de mener des missions et des opérations de surveillance en Turquie et à l'étranger sans décision de justice.

Le MIT, sous l'autorité directe du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, bénéficiera également d'un accès illimité à tous les documents -- des données personnelles des personnes aux informations sur le secteur bancaire -- relevant de la sécurité nationale.

Mais, selon M. Atalay, le gouvernement a proposé des modifications sur deux points contestés, dont celui plaçant le premier ministre à la tête du conseil d'administration de l'agence, un poste clef.

Le gouvernement a également demandé des peines de prison réduites pour les journalistes qui  publient des documents du MIT, au lieu de 12 années de prison prévues pour eux par le texte initial.

Fragilisé depuis mi-décembre par un scandale anticorruption impliquant ses plus proches alliés au sein du gouvernement, M. Erdogan, est de plus critiqué en Turquie et à l'étranger pour sa politique autoritaire, et notamment le renforcement du contrôle de la justice et d'internet.