Leur nom est digne d'un film, leurs exploits aussi. Recherchés aux quatre coins du globe pour leurs vols de bijoux spectaculaires, les Pink Panthers enflamment l'imagination depuis plus de 10 ans. Avec l'arrestation de l'un de leurs membres, Borko Ilincic, la semaine dernière en Espagne, on peut se demander si le célèbre gang serbe n'est pas au tapis pour de bon. Les enquêteurs en doutent. Les Pink Panthers, en mots et en chiffres.

Ils viennent de Serbie ou du Monténégro. La plupart sont d'anciens soldats qui ont fait la guerre en ex-Yougoslavie, d'où leur sang-froid et l'impressionnante précision de leurs cambriolages. L'organisation, recherchée dans 20 pays, compterait de 200 à 400 membres, selon les sources. Une trentaine d'entre eux serait actuellement sous les verrous. Mais les évasions se multiplient, à coups d'hélicoptères et de lance-roquettes.

En 2007, Interpol a créé une section spéciale pour lutter contre les Pink Panthers, avec plus ou moins de succès, étant donné le côté tentaculaire de ce gang international. 

Les Pink Panthers doivent leur surnom aux policiers britanniques qui, en 2003, avaient retrouvé une bague de diamants volée dans une crème de beauté, comme dans le film de Blake Edwards.

OÙ? QUAND?

Les panthères roses ont fait leur apparition en 2002, avec le braquage d'une bijouterie Graff, à Londres. Encouragé par ce succès, l'organisation a par la suite multiplié les «casses» à Londres (2003), Tokyo (2004), Saint-Tropez (2005), Dubaï (2007), Monaco (2007), Londres encore (2007), Cannes (2009) et Rome (2012), pour ne citer que les plus célèbres. 

Le vol à main armée de Saint-Tropez a frappé l'imagination. Quatre hommes déguisés en touristes ont dévalisé en moins de deux minutes une bijouterie située à deux pas de la gendarmerie locale. Ils ont profité de la cohue estivale pour se fondre dans la foule et sauter dans un hors-bord qui les attendait au port. 

Celui de Dubaï fut encore plus spectaculaire. Deux voitures sont entrées dans un centre commercial et ont foncé dans la vitrine d'une bijouterie Graff. Quatre hommes masqués comme des ninjas ont raflé le contenu du commerce en 90 secondes, sous l'oeil des caméras de surveillance. Le soir même, à l'aide de faux passeports, ils quittaient le pays. Borko Ilincic était l'un d'eux.

COMMENT?

Leur modus operandi, réglé au quart de tour, est quasi digne de Mission Impossible. Une première équipe se pointe en éclaireur pour étudier chaque détail du système de sécurité (caméras de surveillance, détecteurs de mouvement, de sensibilité, boutons d'alarme, protocole des vendeurs, proximité d'une station de police, etc.). Il s'agit généralement d'un couple polyglotte. Des itinéraires de fuite sont ensuite établis à la seconde près, en tenant compte de tous ces paramètres. Une deuxième équipe, plus intrépide, se pointe ensuite pour commettre le forfait, qui dure en moyenne 90 secondes. 

Malgré l'utilisation d'armes de poing et beaucoup de vitrines fracassées, leurs méthodes sans violence n'ont jamais fait de victimes, ce qui, dit-on, aurait forcé le respect de la police. Gentlemen cambrioleurs? Cela pourrait changer, alors que l'organisation semble changer de visage. «Le plus préoccupant concerne une nouvelle génération, plus jeune et plus violente, qui n'hésite pas à faire usage de violence, comme en Italie, où des cocktails Molotov ont été utilisés», expliquait récemment l'enquêteur d'Interpol William Labruyère, en entrevue au magazine Le Point.

COMBIEN?



341

Nombre de braquages imputables aux Pink Panthers. Le dernier gros «coup» remonterait à 2009, à la boutique Cartier, de Cannes. Mais selon Interpol, on en compterait 70 autres dans les deux dernières années

452 millions 

Montant total estimé des cambriolages, en dollars américains

116

Nombre de diamants dont était ornée la «comtesse de Vendôme», un collier de quelque 31,5 millions dérobé à la bijouterie Graff de Tokyo en 2004