L'ancien président français Jacques Chirac, 81 ans, admis lundi en début de soirée à l'hôpital américain de Neuilly, près de Paris, à la suite d'une «violente crise de goutte», est rentré chez lui après quelques examens, a annoncé à l'AFP son entourage.

«Jacques Chirac est chez lui», a-t-on déclaré.

«Il n'y a absolument aucune urgence vitale. On soupçonne une violente crise de goutte», avait expliqué à l'AFP son entourage en début de soirée.

Plus tard son entourage a affirmé que l'ancien président, qui souffre effectivement d'une crise de goutte, sortirait dans la nuit pour regagner on domicile. «Jacques Chirac sort ce soir. C'est certain (...) C'est douloureux, mais sans gravité», a-t-on déclaré.

Vers 20h00, un journaliste de l'AFP avait vu devant le domicile de Jacques Chirac, une ambulance et des motards de la police.

L'ancien chef de l'État de 1995 à 2007 a été victime en 2005 d'un accident vasculaire cérébral qui l'a affaibli. Il a de grandes difficultés à se déplacer.

Début décembre, il avait été hospitalisé une semaine pour subir «une intervention rénale». Peu de temps auparavant, il avait assisté à la remise, par le président socialiste François Hollande, du prix de sa fondation au docteur Denis Mukwege, engagé aux côtés des femmes violées de la République démocratique du Congo, et à l'organisation Femmes Africa Solidarité. Il était apparu la démarche hésitante, comme c'est le cas depuis plusieurs années.

Fin janvier, son épouse Bernadette Chirac avait déclaré que l'ancien président, qui a des problèmes de mémoire, ne parlerait plus jamais en public.

«Par moment, il est gêné par sa mémoire», avait observé Mme Chirac.

Souffre-t-il de la maladie d'Alzheimer? «Honnêtement, je ne le crois pas, en tout cas, j'espère que cette épreuve ne nous sera pas infligée». «Il n'a pas vraiment les symptômes, mais c'est vrai qu'il a une petite baisse de sa mémoire, surtout par moments, c'est très variable», avait dit Mme Chirac.

L'entendra-t-on reprendre la parole publiquement? «Je ne le crois pas, je ne crois pas qu'il le souhaite», avait-elle répondu.

Jacques Chirac a été l'un des grands acteurs de la vie politique française des 40 dernières années jusqu'à son départ de l'Elysée en 2007 après deux mandats (un de sept ans, et un de cinq ans du fait de l'instauration du quinquennat).

Ses douze ans d'exercice du pouvoir ont fait de l'héritier du général de Gaulle le président ayant le plus longtemps été en exercice après son prédécesseur socialiste François Mitterrand.

Porte-parole en 2003 des adversaires de l'intervention américaine dans l'Irak de Saddam Hussein, Jacques Chirac est le premier ancien chef de l'État français à avoir connu le déshonneur d'une condamnation judiciaire, fin 2011, dans une affaire d'emplois fictifs à l'époque où il était maire de Paris (1977-95).

Après son départ de l'Elysée, il est devenu le «retraité» politique le plus populaire auprès des Français. Si bien que fin 2011 lorsqu'il a été condamné pour «détournement de fonds publics» et «abus de confiance» dans un dossier d'emplois fictifs à la mairie de Paris, cette popularité n'en a pas été affectée.

Il n'avait pas assisté à son procès, en expliquant ne pas avoir «l'entière capacité» d'être présent aux audiences.

«Perte de mémoire», «absences», autant de symptômes décrits alors par des visiteurs de Jacques Chirac, qui a souvent la démarche hésitante et met la main sur l'épaule de ceux qui l'accompagnent pour trouver un appui.

Photo: AFP

L'entrée du American Hospital of Paris, à Neuilly-sur-Seine, où a été admis l'ancien président français.