Le chef du Parti démocrate Matteo Renzi est attendu lundi en milieu de matinée à la présidence de la République où le chef de l'État Giorgio Napolitano doit le charger officiellement de former le nouveau gouvernement italien.

Même si le maire de Florence, 39 ans, n'a pas cessé les rencontres et les contacts avec ses alliés, ses consultations officielles débuteront après avoir reçu le mandat des mains de M. Napolitano.

La tradition veut que le candidat choisi au poste de chef du gouvernement accepte «avec réserve» sa désignation puis à l'issue de ses consultations, quand il a acquis la certitude d'avoir une équipe gouvernementale solide qui dispose de la majorité dans les deux chambres du parlement, il «lève la réserve».

Les observateurs s'attendent à ce que Matteo Renzi, le jeune leader du PD (gauche) pressé d'accéder au pouvoir, tente de boucler ses consultations et de présenter son gouvernement au président pour la prestation de serment dès mercredi ou jeudi au plus tard.

Il devra dans les jours suivant, en fin de semaine, se présenter devant les deux chambres du parlement, présenter son programme et remporter le vote de confiance.

Matteo Renzi est parti en trombe à la conquête du pouvoir: arrivé en décembre à la tête du PD, il a fait tomber le chef du gouvernement Enrico Letta, ex-numéro deux de son propre parti, à peine deux mois plus tard, le 13 février.

Il pensait continuer sur sa lancée et former un gouvernement très rapidement mais les premiers obstacles se sont dressés quand il a dû affronter ses alliés, essentiellement ceux du Nouveau centre droit (NCD), déterminants pour la naissance et la survie de son gouvernement.

Le leader du NCD, Angelino Alfano, ex-dauphin de Silvio Berlusconi et vice-Premier ministre sortant, se méfie de Matteo Renzi et pose ses conditions. 

La droite «indispensable» 

«Nous sommes tout simplement indispensables pour la naissance de ce gouvernement. Si nous disons +non+ au gouvernement, celui-ci ne peut pas voir le jour», a souligné dimanche Angelino Alfano au cours d'un meeting devant ses sympathisants.

«Pour nous c'est une grande satisfaction, mais également une grande responsabilité, nous n'avons pas le droit à l'erreur», a-t-il souligné.

La veille il avait déjà posé ses conditions pour soutenir le gouvernement de Matteo Renzi, exigeant que celui-ci ne soit pas déséquilibré vers la gauche et qu'un contrat soit signé, un genre de «pacte à l'allemande», sur le programme du futur exécutif.

Le chef du PD, qui est resté assez flou jusqu'à présent sur ses objectifs à la tête du gouvernement, devra désormais entrer dans le vif du sujet et convaincre ses alliés. Sans oublier non plus les membres de son propre parti dont un certain nombre n'ont pas apprécié la manière dont il est arrivé au pouvoir en éjectant Enrico Letta.

Matteo Renzi devra également trouver des personnalités fortes et compétentes sur la scène nationale pour former son gouvernement.

La tache semble ardue. Deux personnes pressenties pour les ministère de la Culture et du Développement économique ont dit +non+ au chef du PD, tandis que les cotations de deux autres noms qui circulaient jusqu'à présent dans la presse pour le ministère de l'Economie semblent en baisse car ne disposant pas du poids politique nécessaire.

Or ce ministère est crucial pour la troisième économie de la zone euro qui peine à sortir de la récession avec un modeste +0,1% de croissance au dernier trimestre 2013, et un taux de chômage de près de 13%. «Le pays est impatient et a besoin de réponses immédiates, surtout sur l'économie», a prévenu le ministre sortant de l'Economie Fabrizio Saccomanni.