Report du conseil des ministres, 1600 militaires en attente, un millier de maisons évacuées : le gouvernement britannique se mobilisait mardi pour tenter de calmer la colère des victimes des inondations, alors que de nouvelles précipitations étaient attendues.

Le conseil des ministres prévu mardi a été reporté pour permettre au chef du gouvernement David Cameron de poursuivre son déplacement dans les régions les plus affectées. Après une visite la veille dans le Dorset (sud-ouest), le premier ministre, qui a débloqué 155 millions d'euros (environ 233,6 millions $CAN) pour faire face aux inondations, se trouvait mardi dans le Devon (sud-ouest), alors que l'indignation s'amplifiait plus à l'est, le long de la Tamise en crue.

Il devait par ailleurs tenir une conférence de presse sur le sujet dans l'après-midi.

«On a bien vu la RSPCA (agence de protection des animaux) et des ambulances, mais je n'ai pas vu l'agence de l'environnement ni la police avant midi» hier, s'est plaint un retraité, Malcom Stead, à Wraysbury (ouest de Londres).

C'est dans ce village du Berkshire que le ministre de la Défense, Philip Hammond, a été pris à partie par une volontaire. «Il n'y a pas un seul employé de l'Agence pour l'environnement ici. Ils sont dans leurs bureaux au lieu d'être là. Ils ne réalisent pas», s'est indignée Su Burrows en direct sur Sky News. «On bosse depuis 48 heures pour évacuer des gens, en prenant des risques pour nos propres vies.»

«Qu'est-ce qu'il vous faut pour comprendre qu'on a vraiment besoin d'aide ?», a-t-elle lancé au ministre, présent à ses côtés.

Philip Hammond s'est défendu en expliquant que 1600 militaires étaient mobilisés dans le pays.

«On n'a pas besoin de 1600 soldats, probablement juste de 50», lui a rétorqué Su Burrows, vêtue d'un imperméable jaune fluo.

Le ministre a aussi défendu l'action du gouvernement, insistant sur le caractère exceptionnel des intempéries. «Nous avons affaire (...) à une météo sans précédent. Si les autorités doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir, il y a des choses, je crains, qui nous échappent. On ne peut pas toujours intervenir pour empêcher le cours de la nature», a-t-il déclaré sur la BBC.

Toute une partie du sud-ouest de l'Angleterre est affectée depuis plus d'un mois par des inondations exceptionnelles, la période de décembre-janvier étant la plus pluvieuse depuis les premiers enregistrements de données météorologiques au Royaume-Uni en 1910.

Selon l'Agence de l'Environnement, les précipitations sont les plus importantes depuis 248 ans, dans certaines zones méridionales.

Un millier de personnes ont été évacuées de leur maison depuis fin janvier.

Le niveau de l'eau devrait encore monter, les services météorologiques tablant sur de nouvelles précipitations mardi soir et sur 20 à 40 mm de pluies vendredi dans plusieurs régions du sud et de l'ouest.

Les transports publics étaient aussi perturbés mardi dans le sud du pays, notamment l'une des lignes ferroviaires les plus fréquentées par les banlieusards pour rejoindre la capitale - la ligne Londres-Reading.