Six membres du groupe contestataire russe Pussy Riot ont accusé jeudi leurs deux camarades récemment libérées de prison, de délaisser l'idéologie «féministe et anticapitaliste» du groupe, après leur participation à un concert à New York sous l'égide de Madonna.

«Nous avons perdu deux amies, deux camarades de combat idéologique», ont écrit six membres anonymes des Pussy Riot sur leur blogue, faisant référence à Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, libérées fin décembre après deux ans de camp pour avoir chanté une «prière punk» contre le président russe Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur à Moscou.

Dans leur lettre, les six membres, qui signent par des pseudonymes comme «Kot» (le chat) ou «Schumacher», précisent se réjouir de la libération de leurs camarades Maria et Nadejda, mais dénoncent leur participation à des concerts et évènements associés au nom du groupe et allant à l'encontre de ses valeurs.

«Nous adhérons à l'idéologie de la gauche anticapitaliste et donc nous n'acceptons jamais d'argent pour le visionnage de nos performances. Tous nos clips sont diffusés gratuitement sur l'internet, et les spectateurs sont toujours des gens qui sont là par hasard. Et surtout, nous ne vendons jamais de billets pour nos spectacles», ont-elles précisé.

Les six Pussy Riot ont également dénoncé la présence d'un homme portant une cagoule, la marque de fabrique du groupe, sur les affiches de promotion du concert new-yorkais, rappelant que les Pussy Riot étaient «un collectif féministe séparatiste».

Après leur libération, Maria et Nadejda ont entamé une tournée internationale, multipliant les interviews et passages à la télévision. Mercredi, elles ont aussi participé à un concert à New York, organisé par Amnistie internationale, qui a réuni plusieurs têtes d'affiche comme Madonna.

«D'un côté, Nadia et Macha attirent énormément l'attention des médias et de la communauté internationale. Leurs conférences de presse réunissent une foule de journalistes. Les gens font attention à chacun de leurs mots. Mais jusqu'à présent, personne ne les entend», a estimé le groupe, insistant sur le fait que les deux jeunes femmes avaient elles-mêmes tenté de faire valoir qu'elles ne s'exprimaient plus au nom des Pussy Riot.

«Retenez bien cela, (...) ce ne sont plus des Pussy Riot», ont-elles écrit.

En janvier, Maria et Nadejda avaient déjà annoncé qu'elles allaient poursuivre leur combat en faveur des droits de l'homme, mais cette fois-ci en leur nom propre et non en tant que groupe.