François Hollande sera du 10 au 12 février aux États-Unis pour une visite d'État sans précédent depuis celle de Jacques Chirac en 1996, avec, à l'agenda les dossiers brûlants du moment comme la Syrie, l'Iran ou l'Ukraine, et une rencontre avec les hommes d'affaires de la Silicon Valley.

Pour l'occasion, Washington déroulera le tapis rouge sous les semelles du président français: haie d'honneur à son arrivé lundi sur la base d'Andrews, escapade au domaine de Monticello, la résidence du troisième président américain Thomas Jefferson - en compagnie de Barack Obama et à bord d'Air Force One - avant les 21 coups de canon de l'accueil officiel à la Maison-Blanche, mardi.

François Hollande sera ce jour-là l'hôte d'un «dîner d'État» offert par le président américain et son épouse Michelle. Il se déroulera «comme prévu», avait indiqué la Maison-Blanche, peu après l'annonce de la séparation du couple présidentiel français.

Mercredi, François Hollande fera un crochet par San Francisco pour promouvoir les start-ups françaises réunies au sein d'un «French Tech Hub» - quelques-uns de leurs dirigeants seront à bord de l'Airbus présidentiel - et y retrouver les patrons des géants de l'internet, Facebook, Twitter, Mozilla ou Google.

Nul doute que la protection des données personnelles si chère à la France et à l'Union européenne, mais aussi les prouesses des géants américains de l'internet en matière d'«optimisation fiscale» seront débattues, du moins dans tous les esprits.

Aucun président français n'avait foulé le sol californien depuis des décennies. Et il s'agissait, là encore, de François Mitterrand venu dire en 1984 dans un anglais approximatif: «Nous aimons le peuple américain».

Paris en première ligne en Afrique

Au-delà de la haute technologie, François Hollande et Barack Obama, fait-on valoir à Paris, partagent «une même obsession»: remettre les économies de leur pays sur la voie d'une croissance dynamique. Des économies fortement imbriquées: près d'un demi-million d'emplois sont générés par des entreprises françaises aux États-Unis et réciproquement.

Un dîner lundi du chef de l'État français avec la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde et le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim ainsi qu'un déjeuner mardi avec des chefs d'entreprise américains (FedEx, UPS, Mastercard, Citigroup, PepsiCo...) seront l'occasion d'évoquer ces questions.

Cette visite aux États-Unis, dit-on à Paris, s'inscrit dans une «relation de travail excellente, fluide et sans aspérités», mais elle sera aussi l'occasion d'évoquer quelques sujets «irritants», comme les écoutes de chefs d'État alliés par les grandes oreilles de la NSA, l'une des 17 agences de renseignement américaines.

Sur la Syrie, au moment même où François Hollande et Barack Obama se retrouveront à Washington, les négociateurs de l'opposition et du régime de Damas reprendront leurs pourparlers à Genève. Il ne devrait donc pas y avoir de «déclaration spécifique» sur ce dossier, explique-t-on à l'Élysée, même s'il va vraisemblablement figurer en bonne place lors de la conférence de presse conjointe prévue mardi à la Maison-Blanche.

François Hollande et Barack Obama évoqueront de la même façon le dossier du nucléaire iranien ou la situation en Ukraine. Mais ils devraient s'entretenir aussi de la coopération militaire franco-américaine sur les théâtres extérieurs et tout particulièrement en Afrique, en Centrafrique ou au Mali où la France est en première ligne face à la menace jihadiste.

Il s'agit de la deuxième visite officielle de François Hollande aux États-Unis depuis celle intervenue quelques jours après son élection, à la mi-mai 2012. Le chef de l'État français avait alors enchaîné une première rencontre avec son homologue américain dans le Bureau Ovale, un G8 et un sommet de l'Otan.

C'est à cette occasion qu'il avait confirmé à l'administration démocrate sa volonté de retirer les troupes françaises d'Afghanistan dès 2012, avec deux ans d'avance sur le calendrier de l'Otan et des États-Unis, s'engageant en revanche à ne pas sortir du commandement intégré de l'Otan.