L'ex-premier ministre italien Sylvio Berlusconi, chassé du Parlement l'an dernier à la suite de sa condamnation pour fraude, a rencontré samedi son principal rival politique, le chef de la principale coalition gouvernementale, et a accepté d'appuyer des réformes pour améliorer la gouvernance nationale.

Oeuf lancé sur sa voiture, quolibets à son endroit, le voyage de Berlusconi vers le siège du Parti démocratique - les héritiers politiques des communistes que le magnat des médias a passé des décennies à haïr - n'a pas été de tout repos.

Matteo Renzi, le tout nouveau chef du parti du premier ministre Enrico Letta, a défié les critiques issus de ses propres rangs pour courtiser Berlusconi dans ce qui s'est avéré être un coup de dés réussi afin d'obtenir une promesse d'appui.

Il Cavaliere a ainsi promis que son parti de centre-droite Forza Italia appuierait un projet de loi modifiant le système électoral, une réforme enlisée depuis des années par des factions issues de tout le spectre politique national, perpétuant de fait un héritage de gouvernements largement instables.

Berlusconi a promis de travailler en faveur de réformes qui «favoriseront la gouvernabilité, un système à deux partis, en plus d'éliminer le pouvoir de chantage des petits partis» au Parlement, a dit M. Renzi à des journalistes après la rencontre de plus de deux heures.

L'ex-premier ministre a de son côté garanti à M. Renzi que ses forces politiques soutiendraient les tentatives de réformes pour obtenir «la consolidation des grands partis».

Après le Parti démocratique, Forza Italia est le deuxième plus grand joueur de l'échiquier politique italien. Bien que Berlusconi ait perdu son siège au Sénat en novembre en raison de sa condamnation, le magnat des médias âgé de 77 ans dirige toujours le parti qu'il a créé. L'homme assure même qu'il peut revenir en politique malgré ses démêlés avec la justice.

Parmi ceux-ci, on compte une condamnation et une peine de prison de sept ans pour avoir payé une mineure en échange de services sexuels, puis avoir utilisé les ressources de son bureau de premier ministre pour enterrer l'affaire. L'équipe chargée de la défense de Berlusconi espère qu'une cour d'appel se rangera du côté de l'argument prônant l'innocence dans cette affaire.

M. Renzi, qui se positionne lui-même pour être premier dans les blocs de départ en vue de diriger le gouvernement si celui-ci venait à tomber, a failli ébranler la fragile coalition vieille de neuf mois en faisant appel à M. «Bunga-Bunga».

Certains démocrates bien en vue ont grogné en laissant entendre que leur quartier général accueillait un politicien condamné par la justice.

De leur côté, d'ex-berlusconistes, qui ont coupé les ponts avec celui-ci après sa condamnation pour plutôt rejoindre la coalition, semblaient surpris que M. Renzi tente de parvenir à une entente avec l'ex-premier ministre avant que les propres ministres du gouvernement, y compris ceux issus de leurs rangs, puissent présenter un projet de réforme.

«Vous concluez des ententes avec plusieurs participants... pas uniquement deux», a lâché Renato Shifani, le leader du parti Nouveau centre-droite, qui a quitté le giron de Berlusconi l'an dernier.