À la veille d'une conférence de presse qui devait être centrée sur la situation économique, François Hollande est contraint de clarifier rapidement sa situation privée après des révélations sur une liaison avec une actrice et l'hospitalisation de sa compagne officielle.

L'affaire intervient au pire moment pour le président socialiste, qui espérait tourner la page d'une année 2013 catastrophique, marquée notamment par son incapacité à remplir son engagement à inverser la courbe du chômage.

Alors qu'il se préparait à détailler mardi devant un parterre de 500 journalistes sa nouvelle politique économique social-libérale dont il a ébauché les grandes lignes le 31 décembre, le voilà empêtré dans un vaudeville qui suscite l'embarras de son camp, tandis que l'opposition dénonce une décrédibilisation de la fonction du chef de l'État.

Il évitera difficilement des questions sur ce sujet, même si son entourage veut croire, à l'instar du député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, que les Français «estiment que cette histoire est dérisoire au regard de ce qu'ils vivent et qu'il est nécessaire, plutôt, de régler leurs problèmes que de régler des problèmes de couple».

Dimanche, un sondage indiquait que l'affaire n'avait aucune incidence sur la popularité - déjà très basse - de François Hollande, et que 77% des Français considéraient qu'elle relevait strictement de la sphère privée.

Mais Pierre Lellouche, ancien ministre des Affaires européennes de Nicolas Sarkozy, s'est inquiété lundi des répercussions de cette affaire à l'étranger: «Alors que le pays ne va pas bien du tout, que notre président passe son temps à faire ça, c'est vécu comme une preuve supplémentaire que la France est décidément plus douée pour la gaudriole que pour la réforme économique», a-t-il déploré.

«C'est sa vie privée», mais il devrait être «davantage habité par sa fonction», a aussi estimé Jean-Luc Mélenchon, le chef du Parti de gauche (PG, opposition).

«Je trouve odieux ce genre d'intrusion» de médias dans la sphère privée, s'est pour sa part insurgé l'ancien ministre de droite Alain Juppé. «Tout individu, fût-il président de la République, a droit au secret de sa vie privée», a-t-il estimé.

La traditionnelle indulgence des Français envers les frasques de leurs dirigeants est cependant mise à rude épreuve avec une autre révélation gênante, selon laquelle l'appartement qui abritait les amours de M. Hollande et de l'actrice Julie Gayet, 41 ans, aurait été prêté à cette dernière par une autre actrice, Emmanuelle Hauck, qui a entretenu des relations sentimentales avec des mafieux corses.

«Dysfonctionnements»

Dans son édition datée mardi, le quotidien Le Monde n'hésite pas à parler de «dysfonctionnements» des services de l'Elysée qui n'ont pas vérifié qu'aucun élément problématique pour la sécurité du président n'était attaché à cet appartement.

Selon le journal Le Parisien, Valérie Trierweiler, 48 ans, la journaliste qui partage la vie de François Hollande depuis le milieu des années 2000, qui dispose de bureaux à l'Elysée et l'accompagne lors de ses visites à l'étranger, a appris son infortune de la bouche du président jeudi soir, quelques instants avant sa révélation par le magazine people Closer.

Hospitalisée vendredi en raison d'un «gros coup de blues», elle «semble prête à pardonner (...) mais elle veut savoir très vite quelles sont les intentions de François Hollande», écrit lundi le quotidien citant un membre de son entourage.

Sa sortie d'hôpital était prévue lundi soir mais son cabinet a annoncé qu'elle y resterait, les médecins estimant qu'«elle a besoin de plus de repos».

Le président n'a jamais été marié, ni avec Valérie Trierweiler, ni avec sa précédente compagne Ségolène Royal, la mère de ses quatre enfants. Si la Constitution française ne prévoit rien concernant le statut de la «Première dame», il est de tradition que celle-ci dispose de moyens mis à sa disposition par l'Elysée. Mais la modernité du président socialiste en matière de moeurs n'est pas allée jusqu'à changer les choses en ce domaine de manière à séparer strictement sa vie privée de sa vie publique.

Le voilà rattrapé sur ce terrain aussi par ses engagements de campagne, lorsqu'il disait vouloir être un président «normal» à l'opposé de Nicolas Sarkozy qui n'hésitait pas à mettre en scène son couple, avec sa seconde femme Cécilia Ciganer-Albeniz d'abord, et avec sa troisième épouse Carla Bruni ensuite.

«Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire», avait promis François Hollande.