L'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, qui séjourne à Berlin depuis sa sortie de prison en Russie, s'est réjoui lundi d'avoir obtenu un visa de trois mois pour la Suisse, «second pays où il pourra respirer l'air de la liberté», selon son site internet.

Les autorités helvétiques ont «accepté la demande de Mikhaïl Khodorkovski d'un visa Schengen» qui lui permet de circuler au sein des 26 pays européens de l'espace Schengen, dont la Suisse, durant trois mois, a annoncé l'ambassade de la Confédération à Berlin.

Le ministère suisse des Affaires étrangères a confirmé l'octroi de ce visa, dont la demande avait été faite le 24 décembre. La femme de l'ancien homme le plus riche de Russie, Inna, habite en Suisse, dans un endroit non connu, et ses fils jumeaux sont scolarisés dans ce pays.

Avant son arrestation en 2003, l'ex-oligarque possédait avec ses associés au moins quatre sociétés à Genève.

La date du départ de M. Khodorkovski, qui loge depuis son arrivée à Berlin dans le luxueux hôtel Adlon, face à la Porte de Brandebourg, n'était pas connue exactement dans l'immédiat. Il devrait se rendre en Suisse «selon toute vraisemblance après le Nouvel An», a seulement indiqué Olga Pispanen, une de ses porte-parole.

Arrêté en 2003, il avait été condamné en 2005 et 2010 successivement sur des accusations de fraude fiscale, escroquerie, vol de pétrole et blanchiment, que de nombreux observateurs occidentaux ont jugé comme relevant d'une justice sélective et instrumentalisée.

Gracié à la surprise générale le 20 décembre par le président russe Vladimir Poutine après dix années d'emprisonnement, M. Khodorkovski avait reçu un visa d'un an pour l'Allemagne, qui a oeuvré en coulisse à sa libération.

Il avait fait connaître son intention de ne pas rentrer en Russie, en raison d'une condamnation au civil toujours valide d'un montant de 550 millions de dollars.

Sur son site internet, M. Khodorkovski s'est dit «très reconnaissant envers les autorités suisses pour la rapidité et l'efficacité avec laquelle» elles ont traité sa demande.

«Si tôt après sa décennie d'emprisonnement injuste, M. Khodorkovski est ravi que la Suisse soit le second pays dans lequel il pourra respirer l'air de la liberté», a-t-il poursuivi dans un message écrit.

Dans plusieurs interviews M. Khodorkovski, qui selon nombre d'observateurs a payé pour avoir tenu tête à Vladimir Poutine, montré trop d'indépendance et financé des partis d'opposition, a exclu de se lancer dans la lutte politique à proprement parler, et de financer l'opposition.

Il a néanmoins déclaré vouloir s'engager en faveur des prisonniers politiques en Russie.

«Les responsables politiques des pays occidentaux doivent se souvenir, en ayant des relations avec le président Poutine, que je ne suis pas le dernier prisonnier politique en Russie», avait-il déclaré lors de sa première conférence de presse à Berlin, deux jours après sa libération.

«Je vais tout faire pour qu'il n'y en ait plus, faire tout ce que je pourrai», avait-il ajouté.