La Russie a rendu vendredi un dernier hommage à Mikhaïl Kalachnikov, l'inventeur du légendaire fusil d'assaut soviétique AK-47 mort lundi à l'âge de 94 ans, qui a été enterré avec les honneurs dans un mémorial militaire près de Moscou.

Le président Vladimir Poutine a déposé un bouquet de roses rouges au pied du cercueil du plus célèbre concepteur d'armes russe, couvert du drapeau national de Russie, qui a été installé dès le matin dans une immense salle du complexe, inauguré en juin dernier.

Tout au long de la cérémonie, des gardes d'honneur sont restés aux côtés du cercueil, entouré de gerbes de roses et d'oeillets, selon un photographe de l'AFP.

Trois salves de fusil d'assaut AK-47 ont ensuite été tirées en l'air en l'honneur du père de ce fusil automatique vendu à des millions d'exemplaires, prisé aussi bien des armées régulières que des guérillas ou du grand banditisme en raison de sa simplicité et de sa robustesse.

Mikhaïl Kalachnikov est décédé lundi des suites d'une longue maladie à l'âge de 94 ans à Ijevsk, la capitale d'Oudmourtie (Oural), à 1300 kilomètres à l'est de Moscou, où est située la société de fabrication d'armes portant son nom.

Environ 60 000 personnes, parmi lesquelles un vice-premier ministre russe, Dmitri Rogozine, sont venues lui rendre hommage à Ijevsk avant que son corps ne soit transporté à Moscou.

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, le chef de l'administration présidentielle, Sergueï Ivanov, et de nombreux autres responsables militaires et civils ont également assisté à cette cérémonie au complexe du mémorial militaire à Mytichtchi, conçu comme un panthéon pour des hommes illustres russes, notamment de l'armée.

«Son nom est devenu un symbole de la fiabilité et de la gloire des armes russes», avait déclaré M. Choïgou dans un message de condoléances adressé aux proches de Kalachnikov, en saluant en lui un «exemple éclatant de dévouement sans réserve à sa patrie».

Pour sa part, le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, avait déploré dans un communiqué la perte d'un «spécialiste des armes remarquable, le concepteur d'un fusil d'assaut légendaire qui occupe une position dominante sur le marché mondial depuis des décennies».

Lieu emblématique pour les militaires

Mikhaïl Kalachnikov est le premier à être enterré dans ce vaste complexe mémorial, construit sur un territoire de 53 hectares, qui comprend un cimetière et un musée militaires.

«C'est un cimetière mémorial unique au monde (...) où reposeront les meilleurs de nos compatriotes», avait souligné avant la cérémonie un vice-ministre de la Défense, Nikolaï Pankov, cité par l'agence publique Ria-Novosti.

Pour l'heure, seule la dépouille d'un soldat inconnu tué pendant la Seconde Guerre mondiale a été inhumée dans ce lieu emblématique pour les militaires russes.

Né le 10 novembre 1919 dans un village de Sibérie, Mikhaïl Kalachnikov avait été hospitalisé à de nombreuses reprises ces derniers mois. En novembre, il avait été placé en réanimation dans une clinique d'Ijevsk après un malaise.

Il n'avait arrêté de travailler qu'en 2012 en raison de problèmes de santé, notamment cardiaques.

Petit homme soigné amateur de pêche, il fut l'un des Russes les plus connus du monde et les plus décorés dans son pays. Il avait toujours répété sa fierté pour l'arme conçue en 1947 et dont il vantait la simplicité.

La kalachnikov est notamment devenue le symbole de la lutte armée pour l'indépendance, et orne de nombreux drapeaux, dont celui du Mozambique et celui du mouvement chiite libanais Hezbollah.

Le fusil AK-47 aurait été vendu, selon certaines estimations, à 100 millions d'exemplaires.

Mais de l'aveu même de son inventeur, la majorité des kalachnikovs produites sont fabriquées en contrebande et leur vente échappe à tout contrôle.

Mikhaïl Kalachnikov n'a jamais touché d'argent sur la vente des millions de fusils portant son nom et utilisés par les armées de plus de 80 pays.