Un Italien, directeur d'un petit théâtre parisien, a été interpellé jeudi matin après avoir tenté, sans succès, de forcer avec sa voiture les grilles du palais présidentiel français de l'Élysée, pour dénoncer la baisse de subventions touchant son établissement.

«Si son objectif était de faire parler de lui, il a plutôt réussi. Mais il risque de le payer», a estimé une source proche de l'enquête. Aussitôt interpellé par les forces de l'ordre, Attilio Maggiulli, un Italien de 67 ans, a été placé en garde à vue.

Vers 9h, M. Maggiulli, directeur de la Comédie italienne, petit théâtre dans le quartier de Montparnasse, s'est présenté au volant de sa voiture devant les grilles de l'Élysée, côté avenue des Champs-Élysées, et a tenté de forcer le passage.

«Il n'est parvenu qu'à taper légèrement les grilles, à faible vitesse», selon une source policière

Un périmètre de sécurité a été mis en place autour de l'Élysée pendant quelques heures après cet incident.

Peu après son arrestation, Attilio Maggiulli était placé en garde à vue pour «dégradation d'un bien d'utilité publique», «mise en danger de la vie d'autrui» et «violences volontaires avec arme à l'encontre d'une personne dépositaire de l'autorité publique», l'arme étant son véhicule, a précisé une source judiciaire.

Comme il s'est légèrement blessé dans la collision, il a été conduit dans un hôpital. «La notification de ses droits a donc été différée», a précisé l'une des sources.

Il devrait subir un examen de comportement afin de vérifier la compatibilité entre son état mental et le régime de garde à vue, selon la source judiciaire.

Mercredi après-midi, il avait déjà été interpellé une première fois aux abords de l'Élysée, a expliqué une autre source policière.

Il avait sorti de sa voiture «un mannequin Arlequin auquel il avait mis le feu après l'avoir aspergé de white spirit», a dit cette source.

«Il avait ensuite jeté des tracts sur la voie publique, dans lesquels il dénonçait la diminution des subventions pour son théâtre», a-t-elle ajouté. «Il avait été interpellé, entendu, puis relâché quelque temps après», a-t-elle précisé.

Ce directeur de théâtre quelque peu atypique n'en est pas à son premier coup d'éclat destiné à attirer l'attention sur ses difficultés financières. Il y a dix ans, il avait déjà fait une grève de la faim pour sauver son théâtre.

Son action n'aura a priori pas été vaine puisqu'il sera reçu par le ministère de la Culture la semaine prochaine. Le ministère a toutefois précisé que ce rendez-vous n'était pas dû à son action, mais «pour lui rappeler les règles et lui prodiguer des conseils utiles sur les démarches qu'il doit mener».

Cet ancien élève du grand metteur en scène italien Giorgio Strehler au Piccolo Teatro de Milan, pour qui la passion pour son théâtre populaire et poétique semble intacte, programme depuis 40 ans des pièces de grands maîtres de la comédie italienne.