L'année 2014 pourrait voir le retour, deux ans après sa défaite, de Nicolas Sarkozy qui réfléchit à son projet pour la France et semble de plus en plus déterminé à reprendre la main sur l'opposition de droite dans la perspective de la présidentielle de 2017.

Au 77 de la rue de Miromesnil dans le très chic 8e arrondissement de Paris, non loin du Palais de l'Élysée, les bureaux de l'ancien président, battu en mai 2012 par le socialiste François Hollande, ne désemplissent pas. Anciens ministres, élus de droite et du centre, décideurs, intellectuels répondent à ses invitations.

Nombre d'entre eux ont confié à l'AFP que M. Sarkozy, encouragé par les sondages, le succès de sa souscription de l'été dernier après l'invalidation de ses comptes de campagne, et l'accueil du public quand il accompagne son épouse, la chanteuse Carla Bruni, en tournée, se montre «plus que jamais décidé» à faire son retour.

Ce que Jean-Louis Borloo, président du parti centriste UDI, traduit à sa manière : «C'est plié, il n'y a pas de match, Sarkozy va revenir».

Revenir, oui, mais quand, comment, avec qui, pour quoi faire ? Toutes ces questions, l'ancien président, que ses alliés disent «très inquiet» de voir la France s'enfoncer dans la crise, les tourne et les retourne dans sa tête. «Nicolas Sarkozy ne s'exprime pas, les propos et les intentions qu'on lui prête sont loin de la réalité», tient à souligner son entourage.

«Le retour de Sarkozy n'est pas le sujet aujourd'hui. Le sujet, c'est : sur quel projet ?», précise à l'AFP son ancien conseiller Patrick Buisson, accusé par certains au sein du parti de M. Sarkozy, l'UMP, d'avoir précipité sa défaite en le poussant à la «droitisation».

Pour revenir, l'ex-président doit relever «deux défis» : «renouveler son offre sociale et son personnel politique», analyse M. Buisson. Selon lui, «la droite doit repenser le socle sociologique de son électorat».

«La droite ne pourra pas gagner sans le concours de la classe moyenne», qui se sent délaissée et est de plus en plus attirée par le vote Front national (extrême droite), notamment dans les zones périurbaines. «Spéculer sur le seul rejet de la gauche n'est pas suffisant», sauf à s'exposer à de «violentes déconvenues», poursuit M. Buisson, ancien directeur du journal d'extrême droite Minute.

Élections européennes déterminantes

Selon un visiteur régulier du «77», ce sont les élections européennes, fin mai, si elles devaient se traduire par une percée du Front national, qui pousseraient M. Sarkozy à accélérer son calendrier et à imaginer un dispositif lui permettant d'avoir «une relation plus directe avec les Français. L'UMP serait le coeur du réacteur».

Mais «il n'est pas du tout dans ses intentions de créer un nouveau parti», ajoute le même visiteur. C'est même «une bêtise» que de le croire», renchérit l'ancienne ministre Rachida Dati.

Un des caciques de l'UMP ajoute qu'«on est clairement dans un scénario de retour en 2014», «peut-être, avec une grande réunion publique» aux alentours de l'été. «Il n'a pas encore défini le scénario, il y travaille avec Buisson», assure un autre.

Un autre cacique pense que «si les européennes ne sont pas bonnes (pour l'UMP) et que le FN est fort, ce sera la chasse aux responsables du parti». Comprendre : Jean-François Copé, qui a succédé à Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP, a du souci à se faire même s'il a déjà prévenu qu'il n'avait «aucune intention de se laisser faire».

L'ancien président trouvera aussi sur son chemin son ancien premier ministre, François Fillon, tout aussi «déterminé» que lui pour 2017, comme il l'a répété la semaine dernière.

Selon un sondage Ifop publié en fin de semaine par l'hebdomadaire Le Figaro Magazine, 46 % des Français préféreraient voir Nicolas Sarkozy au palais de l'Élysée plutôt que François Hollande (27 %), et 71 % des sympathisants de l'UMP souhaite le voir se présenter à la présidentielle de 2017.