Même libérés sous caution, les deux Canadiens arrêtés lors d'une mission de Greenpeace en Arctique demeurent piégés en Russie. Le Tribunal international du droit de la mer estime que les 30 personnes arrêtées dans les eaux internationales doivent être libérées, mais les autorités russes s'y opposent.

Le 17 décembre sera la prochaine fenêtre pour les militants mis à l'arrêt en septembre sur leur bateau Arctic Sunrise à proximité d'une plateforme pétrolière de Gazprom. Le président Vladimir Poutine profitera du 20e anniversaire de la Constitution russe pour livrer un décret d'amnistie où il pourrait accorder la libération aux prisonniers.

L'espoir est toutefois mince puisque l'avant-projet de ce décret, soumis au Kremlin, n'incluait pas les 28 manifestants et deux journalistes indépendants. Ce texte pouvait être amendé jusqu'à vendredi, ce qui n'a pas été fait. Mardi prochain, la Douma (le Parlement russe) pourrait toutefois apporter un amendement avant l'adoption finale.

Les militants et Greenpeace s'accrochent à cette option afin de permettre à ceux qui ne sont pas citoyens russes de quitter Saint-Pétersbourg et de retrouver leurs proches pour les Fêtes.

La semaine dernière, les avocats de Greenpeace avaient tenté d'obtenir des visas pour permettre aux militants de quitter la Russie tout en s'engageant à revenir dans ce pays s'ils étaient à nouveau convoqués par les autorités. Mais le comité d'enquête russe cherchait à imposer plusieurs procédures et des délais d'au moins un mois afin d'interroger les accusés de Greenpeace.

Patrick Bonin, de la campagne Climat et énergie de Greenpeace au Québec, estime que le gouvernement fédéral, et en premier lieu le ministre des Affaires étrangères John Baird, doivent intervenir pour faire fléchir les autorités russes, afin de permettre au Montréalais Alexandre Paul et à l'Ontarien Paul Ruzycki de rentrer au pays.

«Ils sont piégés en Russie, incapables de rentrer chez-eux et ce même si le Tribunal international du droit de la mer a ordonné leur libération», a dénoncé Patrick Bonin.

L'avocat de Greenpeace International, Daniel Simons, conclut quant à lui que la Russie contrevient à une ordonnance exécutoire d'un tribunal international après le versement d'une caution de 3,6 millions d'euros sous forme de garantie bancaire, caution endossée par le gouvernement des Pays-Bas.

«Et le ministre John Baird reste muet. Il faut qu'il rompe le silence. Le gouvernement fédéral doit faire des représentations auprès de la Russie parce que ce serait possible d'obtenir l'amnistie le 17 décembre, mais ce sera avant tout une décision politique», a insisté Patrick Bonin.

Les membres de l'équipage avaient d'abord été détenus à Mourmansk. Ils avaient été déportés par train vers Saint-Pétersbourg où ils sont arrivés le 12 novembre.

Le 18 novembre, Ekaterina Zaspa, une médecin d'origine russe, a été la première activiste à obtenir sa libération sous caution.