Le président russe, Vladimir Poutine, a présenté jeudi la Russie comme un bastion de la défense des valeurs conservatrices face à la tolérance des pays occidentaux qui, selon lui, s'apparente ni plus ni moins à l'opposition entre le bien et le mal.

Lors d'un long discours à la nation de 70 minutes, le président russe a semblé déterminé à redorer l'image de la Russie, mise à mal par les critiques occidentales de la loi contre l'homosexualité qui a provoqué des appels au boycottage des Jeux olympiques de Sotchi, un projet qu'il chérit particulièrement.

Le discours de Vladimir Poutine contenait aussi un sévère avertissement aux pays étrangers qui voudraient prendre un avantage militaire sur la Russie, un message clairement adressé aux États-Unis, qui veulent concevoir des armes non nucléaires à longue portée que la Russie considère comme une menace à ses propres mesures de dissuasion nucléaire.

Dans le passé, le gouvernement russe a insisté pour dire que sa loi interdisant «la propagande sur les relations non traditionnelles» n'est pas discriminatoire envers les gais, mais les groupes de défense des homosexuels affirment qu'elle a ouvert la voie au harcèlement et à la discrimination.

Sans référer directement à cette loi, Vladimir Poutine s'est porté à la défense des valeurs familiales traditionnelles, affirmant qu'elles étaient le fondement de la grandeur de la Russie et son rempart contre «la prétendue tolérance sans genre et infertile».

Sa prise de position en tant que défenseur des valeurs conservatrices et ses critiques cinglantes envers les pays occidentaux s'inscrivent dans le cadre de ses efforts pour renforcer sa base politique faite majoritairement d'ouvriers, d'agriculteurs et de fonctionnaires, face aux critiques grandissantes de la classe moyenne urbaine. Mais son discours s'adressait aussi aux conservateurs du monde entier.

«Plusieurs pays aujourd'hui révisent leurs normes morales et effacent les traditions nationales et les distinctions entre la nationalité et la culture», a déclaré le président russe.

«La société doit maintenant démontrer non seulement sa reconnaissance sensible du droit de chacun à la liberté de conscience, aux points de vue politiques et à la vie privée, mais aussi sa reconnaissance obligatoire de l'équivalence entre le bien et le mal, peu importe à quel point cela peut sembler bizarre.»

Il a fait valoir que «la destruction des valeurs traditionnelles» en cours dans les autres pays est «fondamentalement antidémocratique parce qu'elle se base sur des idées abstraites et va à l'encontre de la volonté de la majorité des gens».

Sans nommer de pays en particulier, il a dénoncé «les tentatives de faire appliquer les modèles de développement prétendument progressistes» des autres pays, affirmant que cette stratégie n'avait fait qu'entraîner «le déclin, la barbarie et le sang» au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Dans ce qui semblait être une critique des États-Unis, M. Poutine a affirmé que la Russie «ne cherche pas le statut de superpuissance et ne tente pas de revendiquer une hégémonie régionale ou mondiale».

Il a nié que son gouvernement tente de forcer l'Ukraine à se joindre au pacte de libre-échange promu par la Russie. La décision du président ukrainien, le mois dernier, d'abandonner une alliance avec l'Union européenne en faveur d'un rapprochement avec la Russie a provoqué de grandes manifestations dans la capitale ukrainienne depuis trois semaines.