Un tribunal italien a condamné vendredi à six ans de prison pour terrorisme international un ex-imam égyptien victime en 2003 d'un enlèvement à Milan pour lequel 23 agents de la CIA ont été condamnés.

Abou Omar, de son vrai nom, Osama Mustafa Hassan Nasr, a écopé de cette peine pour association de malfaiteurs à des fins de terrorisme international. Elle a été prononcée par contumace, l'accusé se trouvant en Égypte.

Avant son enlèvement à Milan et son transfert en Égypte, Abou Omar faisait l'objet d'une enquête pour terrorisme international. Selon l'accusation entre 2000 et 2003, il appartenait à un réseau qui se référait au mouvement Ansar El-Islam et «cherchait à mener des actes de violence à finalités terroristes en Italie et à l'étranger».

L'avocat d'Abou Omar, Carmelo Scambia, a rejeté pendant son procès les accusations de terrorisme affirmant que son client ne faisait «qu'adhérer à un parcours politico-idéologique pour professer sa foi».

Selon lui, Abou Omar vit à Alexandrie et est sous surveillance constante des autorités.

En février 2003, Abou Omar qui bénéficiait à l'époque du droit d'asile en Italie avait été enlevé et emmené vers la base américaine d'Aviano (nord-est) puis en Allemagne et au Caire, où il dit avoir été torturé.

Dans cette affaire, la Cour de cassation a confirmé en septembre 2012 des peines allant de sept ans à neuf ans de prison pour 22 agents de la CIA et un officier des forces armées, tous américains et tous en fuite.

Le procès en première instance, ouvert en juin 2007, était hautement symbolique, car c'était le premier en Europe sur les transfèrements secrets par la CIA de personnes soupçonnées de terrorisme vers des pays connus pour pratiquer la torture, après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

Le 5 avril dernier, le président Giorgio Napolitano a gracié l'officier Joseph Romano, responsable de la base militaire d'Aviano, d'où l'avion qui transférait l'imam était parti.

Robert Seldon Lady, ancien responsable de la CIA en Italie, a en outre demandé en septembre sa grâce au président Napolitano en présentant ses excuses pour l'enlèvement d'Abou Omar. Il a expliqué ne pas s'être livré à la justice italienne parce qu'il aurait alors dû dévoiler des secrets pour se défendre.

Le 16 décembre, la Cour de cassation sera amenée à se prononcer sur les condamnations à 9 et 10 ans de prison de deux anciens dirigeants des services secrets militaires italiens, Sismi, Marco Mancini et Nicolo Pollari pour leur rôle dans l'enlèvement.