François Hollande, 59 ans, a subi une opération de la prostate environ un an avant son élection à la présidence française, une intervention dont il n'avait jamais parlé et qui pose en France la question des frontières entre vie publique et vie privée.

Révélée mercredi par la radio France Info, cette intervention médicale a été confirmée par un communiqué de l'Élysée.

«Le président de la République François Hollande confirme qu'au mois de février 2011, il a été hospitalisé quelques jours dans un service d'urologie du Centre hospitalier universitaire Cochin (à Paris) pour une hypertrophie bénigne de la prostate», a indiqué la présidence.

«À la suite de cette intervention, aucun suivi médical n'a été jugé nécessaire», ajoute le communiqué. François Hollande avait déclaré sa candidature à la primaire socialiste quelques semaines plus tard, fin mars 2011.

La prostate est une petite glande située sous la vessie et entourant l'urètre, le canal qui sort de la vessie et permet d'évacuer l'urine. L'hypertrophie bénigne de la prostate ou adénome de la prostate est une maladie bénigne et très fréquente chez l'homme qui consiste en une augmentation du volume de la prostate après 50 ans.

M. Hollande «rappelle que deux bulletins de santé ont été publiés depuis son entrée en fonctions aux mois de juin 2012 et mars 2013». L'Élysée avait précisé en juin 2012 qu'il prenait «l'engagement» d'en publier un «tous les six mois».

En février 2012, en pleine campagne électorale, interrogé par Le Quotidien du médecin comme tous les autres candidats, M. Hollande avait répondu qu'il était «important que les Français aient confiance en la capacité de leur président à gouverner».

Son premier ministre, Jean-Marc Ayrault, n'a pas caché son agacement mercredi lorsqu'il a été interrogé sur cette opération.

«Le nombre de Français qui sont confrontés à des problèmes de prostate à partir de la cinquantaine, c'est assez banal», a-t-il commenté. «Ne faut-il pas respecter ça? Est-ce qu'on est toujours obligé d'étaler la vie privée?», s'est-il emporté.

Jean-Marc Ayrault a précisé que lui-même, comme le chef de l'État, tous deux au plus bas dans les sondages de popularité depuis plusieurs mois, étaient «en forme».

Crainte que ce soit «utilisé contre lui»

Le député UMP (opposition) Bernard Debré, chef du service d'urologie de Cochin, a assuré que François Hollande ne «s'était pas caché» quand il avait subi cette opération.

«Il n'y avait rien! C'est comme si on disait : vous savez, François Hollande s'est fait opérer de l'appendicite à l'âge de 7 ans. Et alors?», s'est exclamé celui qui avait fait partie de l'équipe soignante de François Mitterrand, opéré d'un cancer de la prostate en septembre 1992, à la fin de son second septennat.

«Refuser à quiconque, fut-il président de la République, le droit au secret médical au nom d'un voyeurisme sans objet, conduit inéluctablement à la disparition d'un droit fondamental pour chacun d'entre nous», a fustigé le député socialiste Jean-Marie Le Guen, lui-même médecin.

Pour sa collègue Delphine Batho, l'obligation de transparence s'applique au président de la République en exercice, non à la période précédant son élection.

Si M. Hollande n'en a pas parlé en 2011, c'est, selon l'ex-ministre, qu'il «sait que malheureusement dans la vie politique, tous les coups, même les plus bas, sont permis et il a redouté que ce soit utilisé contre lui pour le disqualifier dans la course à la présidentielle».

La santé des présidents de la République est un sujet sensible en France, depuis la maladie de Georges Pompidou, dissimulée jusqu'à son décès en poste en 1974, puis le cancer de la prostate de François Mitterrand, caché durant des années via des bulletins mensongers signés de son médecin personnel.

La polémique avait rejailli en septembre 2005 lorsque, trois ans après sa réélection à l'Élysée, Jacques Chirac avait été victime d'un accident vasculaire cérébral. Jusque-là, il n'avait pas jugé opportun d'informer sur sa santé au nom du principe du respect de la vie privée.