Le président Letton Andris Berzins n'a pas hésité à parler samedi de «meurtre» à propos de l'effondrement d'un supermarché à Riga qui a fait plus de cinquante morts, posant ainsi la question de la responsabilité humaine dans ce drame.

«Ce dossier devrait être considéré comme un meurtre de nombreuses personnes sans défense et il requiert une réaction appropriée», a dit le chef de l'État à la télévision publique LTV.

«C'est un cas complexe qui ne peut être qualifié de catastrophe naturelle ou de malchance, parce que la nature n'y a joué aucun rôle», a insisté M. Berzins, en souhaitant que l'enquête soit menée «à la vitesse maximale».

Le dernier bilan est de 54 morts alors qu'il reste 80 m2 à fouiller, a indiqué à l'AFP la porte-parole des pompiers Viktorija Sembele.

En fin d'après-midi, «un troisième morceau du toit s'est effondré, mais heureusement dans un endroit où personne n'était en train de travailler», a-t-elle précisé.

Les opérations de secours ont par la suite été suspendues et ne doivent reprendre que dimanche matin.

«Pour continuer nos travaux, il faut assurer la sécurité de nos équipes», a dit aux journalistes le chef des pompiers Oskars Abolins.

Pompiers et secouristes ont fouillé pendant deux jours et deux nuits les ruines du magasin dont le toit s'était en partie effondré jeudi soir en pleine heure d'affluence.

«Nous avons treize personnes disparues», a déclaré à l'AFP Sigita Pildava, porte-parole de la police nationale.

Les enquêteurs essaient de comprendre comment le toit d'un supermarché quasi-neuf a pu s'effondrer et causer la pire catastrophe que la Lettonie ait connue depuis son indépendance en 1991.

Une quarantaine de personnes ont survécu à cette catastrophe, selon les services de secours

«J'étais en train de faire la queue à la caisse quand le toit s'est effondré soudainement. Tout s'est passé en quelques secondes», raconte à l'AFP l'un de ces rescapés Antons Ryakhin, 19 ans. Selon lui, une centaine de personnes se trouvaient alors à l'intérieur.

«Il faisait sombre, mais il y avait juste assez de lumière pour voir la sortie. Je me suis précipité. Les portes étaient ouvertes, mais beaucoup de décombres tombaient devant. Je pense que c'est pour ça que des gens n'ont pas pu sortir», ajoute-t-il.

La police lettone travaille sur trois hypothèses pour déterminer les causes de l'accident : la conception du bâtiment, sa construction et les nouveaux éléments qui ont été installés sur le toit.

«Nous sommes en train de vérifier le moindre détail. La cause reste un mystère, mais il faut la découvrir. Apparemment, si une faute a été commise, c'en était une énorme», a déclaré à l'AFP Marite Straume, porte-parole de l'entreprise Re&Re qui a construit le bâtiment.

Un jardin suspendu sur le toit

Le centre commercial, exploité par l'enseigne Maxima, a été construit en 2011 et avait été sélectionné pour un prix d'architecture. Des travaux étaient en cours sur le toit pour le transformer en jardin suspendu.

Selon Maxima, ce centre commercial était le seul à avoir un jardin suspendu parmi les 400 magasins de la chaîne dans les trois pays baltes. Le groupe a cependant lancé des contrôles dans ses 140 supermarchés de Lettonie ainsi qu'en Lituanie et en Estonie.

«Le bâtiment avait été inspecté à fond il y a quelques semaines alors que la garantie initiale de deux ans arrivait à terme. Aucun problème n'a été décelé», a assuré Marite Straume.

Deux citoyens russes figurent parmi les victimes, a indiqué le ministère des Affaires étrangères.

Cette tragédie, un des plus graves accidents dus à des effondrements de toitures dans le monde depuis une trentaine d'années, a frappé de stupeur ce petit pays de 2 millions d'habitants où le gouvernement a décrété trois jours de deuil national.

Le maire de Riga Nils Usakovs a proposé que «tout développement futur soit interdit sur ce site pour que nous puissions nous mettre d'accord sur la création d'un mémorial à cet endroit tragique».

Dans un communiqué publié samedi soir, le groupe Maxima s'est engagé à verser «à tous les enfants dont les parents sont morts dans cette tragédie, le salaire moyen mensuel (...) jusqu'à l'âge de 18 ans».

La Lettonie, pays membre de l'Union Européenne depuis 2004 et qui doit entrer dans la zone euro au 1er janvier 2014, venait de célébrer la fête de l'Indépendance le 18 novembre dans un climat d'optimisme général alors que Riga se prépare à devenir la capitale européenne de la culture l'année prochaine.