Abdelhakim Dekhar, arrêté pour tentatives d'assassinats à Libération, BFMTV et La Défense, a gardé le silence jeudi face aux enquêteurs, qui analysent des écrits dans lesquels cet homme déjà au coeur d'un fait divers marquant des années 90 fustige un «complot fasciste» et les médias.

Le tireur parisien présumé, 48 ans, est en garde à vue depuis mercredi soir, également pour «enlèvement et séquestration» d'un automobiliste pris brièvement en otage lundi en marge de ses attaques, a annoncé jeudi le procureur de Paris, François Molins. Sa garde à vue, prolongée jeudi, peut durer 48 heures et il pourrait être présenté vendredi à la justice.

Interpellé dans un «état semi-conscient» après une prise de médicaments qui laisse penser à une tentative de suicide, Abdelhakim Dekhar était jeudi en mesure d'être interrogé par la brigade criminelle.

Mais, «n'ayant pas accès à son dossier», il a «préféré, pour le moment, faire valoir son droit au silence en ce qui concerne les faits», a annoncé dans la soirée à l'AFP son avocat Rémi Lorrain.

Abdelhakim Dekhar n'est pas inconnu de la police: il a été condamné en 1998 à quatre ans de prison, peine réalisée durant sa détention provisoire, pour avoir acheté le fusil à pompe qui avait servi à Florence Rey et Audry Maupin en 1994. L'attaque sanglante de ce jeune couple dans Paris avait fait cinq morts: trois policiers, un chauffeur de taxi et Audry Maupin.

C'est aussi avec un fusil à pompe qu'Abdelhakim Dekhar, personnage complexe venu de l'ultra-gauche française des années 90, a fait reparler de lui, en attaquant vendredi 15 novembre le siège de BFMTV, dans le sud-ouest de Paris, sans toutefois ouvrir le feu.

Trois jours plus tard, il passait à l'acte à la salle de rédaction du Libération, blessant très grièvement, toujours avec une arme de calibre 12, un jeune assistant photographe du quotidien dont l'état s'est depuis amélioré. Il enchaînait en tirant contre une banque à La Défense, sans faire de victime, puis en prenant en otage un automobiliste pour se faire conduire sur les Champs-Élysées, déclenchant une chasse à l'homme dans la capitale.