L'Église anglicane d'Angleterre a approuvé mercredi à une écrasante majorité le principe de l'ordination des femmes évêques, une réforme historique rejetée de peu l'an dernier, mais qui doit encore passer plusieurs étapes en 2014 avant d'être entérinée.

Lors de ce synode général réuni à Londres, les nouvelles propositions ont reçu l'assentiment de 378 membres de l'assemblée, tandis que 8 seulement se sont prononcés contre, et 25 se sont abstenus.

«C'est un vote positif», a reconnu sobrement l'évêque de Rochester, James Langstaff, à la tête du comité de pilotage qui a présenté la nouvelle mouture de la réforme. Mais «ce n'est pas fini», a-t-il ajouté, reconnaissant que le travail pour en arriver là avait été «très dur» et les discussions difficiles au sein de l'Église.

L'archevêque de York, John Sentamu, numéro deux dans la hiérarchie religieuse de l'Église d'Angleterre, a aussi estimé que ce n'était pas encore le moment de festoyer. «Nous ne devrions pas déboucher immédiatement des bouteilles de champagne, ou toute autre boisson appropriée aux célébrations, parce que nous devons continuer à travailler ensemble jusqu'au bout» pour faire aboutir le projet, a-t-il déclaré devant les membres du synode.

Car le parcours d'obstacles est loin d'être fini : le projet doit faire l'objet d'un nouveau vote en synode général en février 2014, être ensuite approuvé par chaque diocèse, revenir devant un synode général en juillet ou novembre, puis être endossé par le Parlement.

Mercredi matin, les intervenants aux débats ont souligné les progrès réalisés depuis novembre dernier, quand les partisans de la réforme avaient subi une courte défaite au goût amer. Avalisé par les évêques et le clergé, le projet avait achoppé sur des résistances au sein du collège des laïcs, troisième composante du synode général.

Le résultat avait ravivé les divisions profondes au sein de cette Église, qui dispose d'un statut officiel en Angleterre puisque sa gouverneure suprême est la reine Élisabeth II.

L'Église d'Angleterre, qui autorise déjà l'ordination de femmes prêtres, s'était vu reprocher une approche rétrograde contrastant avec l'attitude plus progressiste d'autres églises anglicanes dans le monde, notamment l'Église du Pays de Galles, qui autorisent les femmes évêques.

Et ce, sur fond de désaffection croissante des fidèles, comme l'a rappelé récemment l'ancien archevêque de Canterbury George Carey, en s'inquiétant du risque de voir l'Église d'Angleterre «disparaître à la prochaine génération».

Le numéro un de l'Église d'Angleterre, l'archevêque de  Canterbury Justin Welby, a enregistré une nouvelle marque de soutien de la part du premier ministre David Cameron.

«Je suis fermement en faveur des femmes évêques, et j'espère que l'Église d'Angleterre adoptera cette démarche clé afin de raffermir sa place en tant qu'Église moderne en phase avec notre société», a-t-il confié aux députés peu avant le vote du synode.

L'évêque de Rochester a reconnu que la position du gouvernement avait une influence : «vous ne pouvez pas débattre ici sans avoir en tête ce qui se passe juste à côté», à la Chambre des Communes, a-t-il dit lors d'un point de presse.

Les nouvelles propositions discutées cette semaine prévoient notamment la nomination d'un médiateur chargé de régler les éventuels problèmes en cas de contestation de l'autorité d'une femme évêque par le clergé traditionaliste. Des mesures disciplinaires pourraient être prises contre le clergé qui ne coopérerait pas avec cet «ombudsman».

Lors des débats, Rosie Harper, prêtre dans le diocèse d'Oxford, avait appelé l'Église d'Angleterre à arrêter «d'être une Église qui se définit en excluant». «Si nous voulons remplir notre mission sérieusement, nous devons arrêter d'être bizarres» aux yeux de la société, avait-elle dit, en exhortant les autres membres du synode à voter en faveur de la réforme.