La police française poursuivait mardi sa traque de l'inconnu qui a blessé grièvement la veille à Paris un photographe du journal Libération, tiré sur une banque et pris en otage un automobiliste, alors que des centaines de témoins se sont déjà manifestés après la diffusion de son descriptif.

La police poursuivait mardi sa traque de l'inconnu qui a blessé la veille à Paris un photographe du journal Libération, tiré sur une banque et pris en otage un automobiliste, comptant sur des analyses ADN, la diffusion d'une nouvelle photo et l'appel à témoins.

Selon une source proche du dossier, les policiers disposent de «nombreux éléments», de plusieurs photos du tireur, un homme blanc de 35 à 45 ans, extraites de la vidéosurveillance «et d'autres éléments matériels dont on ne peut pas parler».

Les enquêteurs ont diffusé mardi une nouvelle photo du suspect montrant l'homme debout et de face, le visage rond et le regard fixe. Il apparaît cette fois coiffé d'un bonnet beige et vêtu d'une veste rouge.

Dans l'entrée de Libé, il portait «une parka kaki ou pull vert, une doudoune foncée sans manches», selon le descriptif de l'appel à témoin lancé lundi soir par le procureur de la République de Paris.

Depuis, la brigade criminelle de la police judiciaire a reçu des centaines d'appels, dont 120 «sont pris au sérieux» selon une source policière. Plusieurs personnes ont été interpellées ou contrôlées depuis lundi, en vain.

C'est un «véritable danger», a souligné le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, à qui le président François Hollande a demandé d'utiliser «tous les moyens» pour «arrêter celui qui a tenté de tuer et qui peut tuer encore».

«Nous ne serons tranquilles que lorsque nous aurons mis la main sur lui», a ajouté M. Valls, qui a précisé que «tout un travail» était fait sur l'ADN du suspect «soit dans la voiture qu'il a utilisée, soit sur les cartouches». Les résultats étaient attendus rapidement.

Un expert-psychiatre interrogé par l'AFP, Daniel Zagury, a évoqué un comportement solitaire qui fait penser à «une sorte de fuite en avant d'un homme désespéré».

Dans la capitale, si des policiers sont visibles aux abords des grands médias, cible privilégiée du tireur, les forces de l'ordre ne sont pas plus visibles qu'à l'ordinaire dans les transports en commun, ont rapporté des journalistes de l'AFP.

Le suspect, qui est doté du fusil de chasse le plus répandu en France, de calibre 12, s'en était pour la première fois pris vendredi au siège de la chaîne d'informations BFMTV.

Sur les images de vidéo interne diffusées par cette chaîne, l'homme est montré dévalant un escalier, sortant son arme de son sac, invectivant en la brandissant un rédacteur en chef, Philippe Antoine, se trouvant à l'accueil, et repartir aussi vite qu'il était venu.

«La prochaine fois, je ne vous raterai pas», a lancé au journaliste l'individu. Son arme, d'un coût minimum de 150 euros, est en vente sur présentation d'un permis de chasse ou d'une licence de tir.

«N'importe qui aurait pu être touché»

Lundi matin, l'homme en cavale s'est rendu au coeur de Paris au siège de Libération. Là, il a sorti son fusil «et a tiré deux fois», comme le titre mardi en une le journal, blessant grièvement un photographe assistant de 23 ans.

Une heure et demie plus tard, au moment où des mesures de sécurité étaient prises dans tous les grands médias à Paris, le tireur a déchargé son arme sur la façade d'une banque dans le quartier des affaires de La Défense, dans la banlieue ouest de la capitale.

Il a ensuite pris en otage un automobiliste retraité, lui ordonnant de le conduire dans une avenue adjacente des Champs-Elysées. Selon certains médias, cet automobiliste, à qui l'individu avait intimé l'ordre de ne rien dire à la police, est rentré chez lui, ne prévenant que tardivement les forces de l'ordre de sa brève prise en otage.

Selon son témoignage, l'homme lui a affirmé «sortir de prison, être prêt à tout, et avoir une grenade» dans son sac.

Le jeune assistant photographe, qui remplaçait lundi au pied levé un collaborateur régulier de Libération, s'est «réveillé» et est «sorti du coma artificiel», mais reste surveillé de près par ses médecins, a précisé Libération mardi après-midi.

Photo AFP

Une image vidéo de Abdelhakim Dekhar le jour de la fusillade.