Des dizaines de milliers de personnes - 30 000 selon la police, 100 000 selon les organisateurs - ont manifesté samedi après-midi à Naples pour protester contre la pollution de terres par des déchets toxiques enfouis illégalement par la mafia, a constaté un photographe de l'AFP.

Sous une pluie battante, les manifestants, regroupés derrière des banderoles dénonçant le «biocide» en cours dans les environs de Naples, ont réclamé que terrains et eaux souillées soient assainis.

Brandissant pour certains des photos de leurs proches décédés du cancer, les manifestants ont crié «non à la Camorra», la mafia napolitaine, à l'origine de ces enfouissements massifs.

Une minute de silence a été observée à la mémoire des enfants «morts trop tôt».

En tête de la manifestation, le père Maurizio Patriciello, l'un des premiers à dénoncer le scandale, et le chanteur napolitain Nino d'Angelo.

Le mouvement, qui se veut comme «un fleuve en crue» que rien ne pourra arrêter, entend dénoncer la nocivité des fumées toxiques issues de l'incendie des déchets, qui ont conduit les habitants à surnommer cette zone, située entre Naples et Caserta, «la terre des feux» ou «le triangle de la mort».

De nombreux élus locaux, dont le maire de Naples Luigi di Magistris, ont participé à la manifestation, ainsi que des associations de défense de l'environnement.

Selon l'association Legambiente, en 22 ans, plus de 440 entreprises, situées essentiellement dans le centre et le nord du pays, ont enterré quelque 10 millions de tonnes de déchets industriels à cet endroit.

À l'issue du mouvement, trois tonnes de pain, fabriquées à partir de produits issus de champs «sains» de la province, ont été distribuées aux participants.