La défense de Nadejda Tolokonnikova, l'une des deux jeunes femmes emprisonnées du groupe contestataire russe Pussy Riot, a annoncé jeudi avoir saisi la Cour suprême russe pour demander l'annulation de sa peine.

«Nous avons déposé une plainte auprès de la Cour suprême cette semaine. Nous demandons d'annuler la condamnation de Nadejda Tolokonnikova» qui purge une peine de deux ans de camp, censée se terminer en mars 2014, a déclaré à l'AFP l'avocate Irina Khrounova.

Nadejda Tolokonnikova, qui fête jeudi son 24e anniversaire, est actuellement en cours de transfert vers un nouveau camp de travail, après s'être dite menacée de mort et avoir entamé une grève de la faim dans son ancien établissement pénitentiaire en Mordovie, à 600 km à l'est de Moscou.

Le nouveau camp est situé dans la région de Krasnoïarsk (Sibérie Orientale), à 4400 km de Moscou, selon Piotr Verzilov, le mari de Nadejda Tolokonnikova. Il a indiqué jeudi sur son compte sur Twitter n'avoir aucune nouvelle de sa femme «depuis 19 jours».

«Les autorités du camp dans la taïga (de Sibérie) nous ont dit que Tolokonnikova n'était pas là et qu'ils ne savaient pas quand elle devait arriver. 19 jours sans contact avec Nadia (diminutif de Nadejda, NDLR)», a écrit M. Verzilov.

«La neige, la neige, la neige, moins 20 degrés (Celsius), et les camps où quelque part ils cachent Nadia», a-t-il ajouté, en publiant des photos prises dans les environs du camp où est censée arriver Mme Tolokonnikova.

L'avocate de la jeune femme a indiqué elle aussi ignorer où elle se trouvait.

«Je ne sais pas encore où elle est. Mais la loi russe ne fixe pas de délais pour le transfert des détenus d'une prison à l'autre. Donc, ça peut durer longtemps», a déclaré à l'AFP Mme Khrounova.

L'ONG Amnistie Internationale a appelé mercredi les autorités russes à informer «sans délai» la famille de Mme Tolokonnikova sur le lieu où elle se trouve, et à lui permettre de s'entretenir avec un avocat.

«Nadejda Tolokonnikova s'est plainte publiquement de menaces proférées par des représentants des autorités carcérales. Nous craignons qu'elle ne soit désormais sanctionnée pour ces propos et pour avoir dénoncé des conditions de détention déplorables», a déclaré Denis Krivocheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d'Amnistie Internationale, dans un communiqué.

Nadejda Tolokonnikova purge avec une autre jeune femme une peine de deux ans de camp pour avoir chanté début 2012 une «prière punk» contre le président russe Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

Tous les recours ont jusqu'à présent été rejetés par la justice russe, les jeunes femmes, toutes deux mères d'un enfant en bas âge, ayant refusé de reconnaître leur culpabilité.