Le pape veut que le Saint-Siège agisse contre les formes modernes d'esclavage, sur lesquelles une conférence devrait être organisée en 2015, a annoncé lundi le Vatican après la réunion d'un groupe d'experts convoquée par François.

Travail forcé, prostitution, trafic d'organes et autres trafics aux mains d'organisations criminelles internationales: réunis pendant le week-end avec les Académies pontificales des Sciences et des Sciences sociales, et la Fédération internationale des associations médicales catholiques (FIAMC), une soixantaine d'observateurs, religieux et laïcs, ont formulé une cinquantaine de propositions contre toutes ces formes d'esclavage.

«Certains observateurs jugent que la traite des personnes dépassera d'ici dix années les trafics de drogue et d'armes, devenant l'activité criminelle la plus lucrative au monde», a expliqué lundi lors d'une conférence de presse, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l'Académie pontificale des sciences.

Selon lui, le Saint-Siège prévoit en 2015 une réunion de quatre jours, précédée en 2014 d'une réunion préparatoire.

Mgr Sorondo a souligné l'implication personnelle du pape François dans une problématique dont le Saint-Siège «n'avait auparavant pas suffisamment reconnu la gravité».

Le pape François, qui «en juin a reconnu la nécessité» de réunir ces académies, «connaît directement ces questions depuis l'époque où il était cardinal de Buenos Aires, dont il a fait venir deux experts», a confié le prélat.

Parmi les formes de travail forcé les plus inquiétantes, notamment en Amérique Latine, figure celle des enfants et adolescents revendeurs de drogue, «prisonniers» des réseaux, ont dénoncé les participants.

Avec les organisations criminelles, il existe aussi «une coopération, parfois inconsciente, de nombreuses multinationales et même de gouvernements», a dénoncé Mgr Sorondo.

Les réseaux criminels sont «comme des autoroutes sur lesquelles beaucoup de véhicules différents peuvent se mouvoir, tous illégaux», a relevé l'expert argentin Juan Jose LLach, soulignant leur adaptabilité face aux fluctuations des «marchés».

Le président de la FIAMC, le docteur Jose Maria Simon Castellvi, s'est félicité d'«un changement historique» dans l'attitude des participants face à la prostitution: «la ligne est la tolérance zéro, la prostitution doit disparaître. Elle n'est pas un mal mineur», a-t-il relevé, soulignant qu'«à la prostitution sont toujours liées la drogue, la violence mafieuse, la délinquance fiscale».

Chaque année,deux millions de personnes sont victimes de trafics sexuels, dont 60 % de filles, selon des chiffres communiqués au colloque.