Des milliers de manifestants ont protesté samedi au Portugal contre la politique d'austérité menée sous la tutelle des créanciers internationaux, qui exigent toujours plus de sacrifices de la population.

«Gouvernement à la rue», «l'euro coule le pays, référendum tout de suite», «non à la troïka, non à la faim», pouvait-on lire sur les banderoles brandies par la foule réunie à Lisbonne à l'appel du mouvement citoyen «Que la troïka aille se faire voir».

Ils étaient près de 20 000 à Lisbonne et environ 5 000 à Porto (nord), selon les organisateurs qui ne disposaient pas d'estimations concernant la participation aux manifestations dans une douzaine d'autres villes du pays.

La mobilisation était en nette baisse par rapport aux manifestations monstres organisées le 15 septembre 2012 puis le 2 mars dernier par ce même mouvement, issu de la mouvance des Indignés, indépendant des partis politiques et des syndicats.

Ce groupe de militants avait alors rassemblé des centaines de milliers de personnes, se plaçant en première ligne de la contestation du programme de rigueur négocié en mai 2011 par le Portugal avec la troïka UE-BCE-FMI, en échange d'un prêt de 78 milliards d'euros.

«Renverser le gouvernement»

«Encore une fois ce gouvernement veut faire payer les erreurs de ceux qui sont au sommet de l'échelle sociale à ceux qui sont en bas. Ce n'est pas juste», s'est insurgé José Matias, enseignant de 53 ans manifestant à Lisbonne.

«Il faut renverser le gouvernement et chasser la troïka pour pouvoir emprunter une autre voie», a souligné Bruno Carvalho, chômeur de 31 ans en colère contre le nouveau train de mesures de rigueur prévu pour l'an prochain.

Carmelinda Pereira, institutrice à la retraite de 68 ans, a elle aussi estimé que «ce gouvernement n'est plus légitime», précisant qu'après les coupes il lui restera «moins de 1 500 euros par mois pour vivre».

Pour atteindre les objectifs fixés par ses bailleurs de fonds et ramener le déficit public à 4 % du PIB en 2014, le gouvernement de centre droit a présenté un projet de budget marqué par des coupes sévères dans les salaires et les retraites des fonctionnaires.

Le texte prévoit des économies et des recettes supplémentaires de 3,9 milliards d'euros, qui viendront s'ajouter à la très importante hausse d'impôts de cette année.

Grève des fonctionnaires

En réaction, des dizaines de milliers de manifestants s'étaient déjà rassemblés le week-end dernier à Lisbonne et à Porto, à l'appel de la CGTP, la principale confédération syndicale du pays, dont les dirigeants étaient présents dans le cortège samedi.

La contestation se poursuivra dans les semaines à venir avec une nouvelle manifestation de la CGTP prévue pour vendredi, jour du vote en première lecture de la loi de Finances.

Les administrations publiques tourneront au ralenti le 8 novembre, en raison d'une grève des fonctionnaires, qui verront leurs salaires réduits de 2,5 % à 12 % pour les revenus dépassant 600 euros bruts par mois.

Après la grève observée vendredi par les salariés de la poste, qui entendaient protester contre sa privatisation, les syndicats des entreprises publiques de transports organiseront une série d'arrêts de travail avant une manifestation nationale le 9 novembre.

Le malaise a gagné aussi les forces de l'ordre, dont les syndicats ont lancé un appel à manifester le 21 novembre.

En dépit des manifestations, de la mobilisation des syndicats et des critiques de l'opposition de gauche, le premier ministre Pedro Passos Coelho ne cesse de réaffirmer sa détermination à garder le cap de la rigueur, dans l'espoir de reconquérir la confiance des marchés financiers et conclure le plan d'aide internationale en juin 2014, comme prévu.