La police bulgare a interrogé jeudi un couple de Roms bulgares ayant plusieurs enfants très blonds et susceptibles d'être les parents biologiques de la petite Maria, la mystérieuse fillette découverte dans un camp rom en Grèce.

La police n'a pas voulu faire de commentaires, mais le parquet de Strara Zagora a annoncé en fin d'après-midi l'ouverture d'une enquête pour abandon d'enfant «contre une femme dont les initiales du nom sont S. Zh. R.».

«L'enquête a été ouverte après des investigations réalisées en liaison avec la fillette nommée Maria trouvée en Grèce», précise le parquet, qui a ordonné un test ADN, interrogé des témoins et demandé des informations sur les voyages à l'étranger de cette femme.

Un des enfants du couple interrogé, Sacha et Atanas Roussev, a affirmé à des journalistes à Nikolaevo, où vit la famille, que sa mère avait reconnu Maria à la télévision, ont annoncé la radio et la télévision publiques.

Sacha Roussev a néanmoins indiqué à l'agence de presse BGNES ne pas être certaine qu'il s'agissait bien de sa fille, surnommée «l'ange blond» par les médias grecs. «Elle lui ressemble, mais comment est-ce que je pourrais savoir si c'est la mienne ou non ?», a-t-elle déclaré, avouant l'avoir laissée en Grèce quand elle était bébé.

«Nous avons donné notre enfant. Nous n'avons pas pris d'argent. Nous n'avions pas assez pour la nourrir», a expliqué cette petite femme mince au teint mat, aux yeux foncés et aux cheveux bruns. Elle a indiqué vouloir passer un test ADN et récupérer Maria si son identité était confirmée.

La télévision a montré des enfants très blonds du couple dans le ghetto tsigane misérable de Nikolaevo.

La photo de Maria, âgée de quatre ou cinq ans, a fait le tour du monde depuis sa découverte le 16 octobre dans un camp rom à Farsala près de Larissa en Grèce. Les autorités grecques ont saisi Interpol pour établir son identité.

Le couple de Roms qui en avait la garde - un homme de 39 ans et sa femme, 40 ans - a été inculpé lundi d'«enlèvement» et placé en détention dans l'attente d'un procès. Il affirme que la mère de l'enfant, une Rom bulgare, l'a leur avait confiée, car elle ne pouvait pas s'en occuper.

Un site internet grec d'information, Zougla.fr, est également remonté jusqu'au couple Roussev, au fil de plusieurs jours de recherches.

Le site se fonde sur les dates et lieu de naissance présumés de l'enfant, le 31 janvier 2009 à Lamia (centre de la Grèce), que lui aurait certifiés un proche de la famille ayant élevé Maria.

Partant de ces informations, il affirme avoir retrouvé un certificat de l'hôpital de Lamia attestant de l'accouchement de Mme Roussev à cette date. Il publie un extrait de ce document avec le nom du médecin qui l'a prise en charge ainsi qu'un document en grec présenté comme un certificat de mariage du couple Roussev en vertu duquel ce dernier s'est marié en 1996 à Nikolaevo.

Interrogée par l'AFP, la police grecque a refusé de commenter les informations du site Zougla.fr, tout comme celles du quotidien Ta Nea affirmant que les enquêteurs ont localisé la mère de l'enfant sur la presqu'île d'Evia, à une centaine de kilomètres au nord d'Athènes.

L'affaire a suscité une vague d'émotion en Grèce et dans le monde et conduit à certains jugements hâtifs sur les Roms, déplore le Centre européen des droits des Roms (ERRC), dont le siège se trouve à Budapest, en Hongrie. En Irlande, deux enfants roms qui ne ressemblaient pas aux autres membres de leur famille ont été retirés à cette dernière, avant de lui être rendus mercredi à la suite de tests ADN concluants.

«Il y a au sein de la communauté rom des groupes qui n'ont pas la peau foncée, qui ont la peau blanche ou plus blanche, des gens avec des yeux bleus ou verts», a déclaré son président Dezideriu Gergely, dans un entretien avec l'AFP. «Agir sur la perception est un acte de discrimination raciale», a-t-il déclaré.