Le Parlement grec a levé mercredi l'immunité de trois députés d'Aube dorée, le parti néonazi au centre d'une offensive des autorités après le meurtre d'un musicien antifasciste en septembre.

Ce vote ouvre la voie à l'inculpation des députés George Germenis, Efstathios Boukouras, Panagiotis Iliopoulos pour «appartenance à une organisation criminelle».

Le Parlement a également levé l'immunité de trois autres députés de ce parti, déjà inculpés pour le même crime, mais qui seront cette fois poursuivis pour des délits liés à des violences imputées à Aube dorée.

Il s'agit du porte-parole du parti Ilias Kassidiaris, d'Ilias Panagiotaros et de Chrysovalantis Alexopoulos.

À l'ouverture de la séance, M. Kassidiaris a dénoncé «un complot minable contre son parti, une tentative pour démolir la Constitution» et annoncé qu'Aube dorée s'abstenait de voter.

Les députés néonazis ont ainsi quitté la salle de l'assemblée dès le début du vote.

Le vote a recueilli plus des deux tiers des voix en faveur de la levée de l'immunité, sur un total de 300 députés.

De son côté, Panagiotis Iliopoulos a lancé : «Je suis poursuivi pour mes idées et non pas pour mes actes, je n'ai commis aucun crime».

Six députés de ce parti, qui a 18 sièges au Parlement, avaient déjà été inculpés pour ce même crime d'«appartenance à une organisation criminelle», dont trois, y compris le dirigeant du parti Nicos Michaloliakos, sont en détention provisoire depuis le début du mois.

Le vote parlementaire a été décidé à la suite d'une demande du parquet de la Cour suprême qui dirige l'enquête contre Aube dorée, entamée après le meurtre d'un rappeur antifasciste, le 18 septembre à la sortie d'un bar près d'Athènes, par un militant d'Aube dorée.

La mort de Pavlos Fyssas, d'un coup de poignard, a bouleversé la Grèce, poussant les autorités à passer pour la première fois à l'offensive contre ce parti qui bénéficiait d'une quasi-impunité pour des violences récurrentes, en particulier contre des migrants et militants de gauche.

Surfant sur les retombées de la crise de la dette qui frappe le pays depuis quatre ans, Aube dorée a fait irruption au Parlement lors des élections de 2012, en obtenant 18 des 300 sièges de la chambre.

Les autorités ont également lancé une enquête sur le financement d'Aube dorée et des perquisitions ont été effectuées dans de nombreux locaux du parti, dont des militants sont soupçonnés de détention illégale d'armes.

La police a effectué mardi soir une perquisition dans une villa, dans une station balnéaire du sud d'Athènes, et découvert une vingtaine d'armes à feu, dont treize sans licence.

Selon une source policière, il s'agit du domicile de l'armateur Anastassios Pallis, poursuivi pour blanchiment d'argent, et actuellement en fuite.

Propriétaire d'un musée exposant des objets historiques, dans la banlieue nord d'Athènes, M. Pallis ne s'est pas présenté au juge d'instruction pour déposer, après une convocation cet été, selon une source judiciaire.

Jeudi, le Parlement doit se prononcer sur l'interruption du financement par l'État d'Aube dorée, proposée par le gouvernement.

Il doit aussi se prononcer, à une date non décidée, sur la levée de l'immunité parlementaire d'Eleni Zaroulia, l'épouse du dirigeant du parti néonazi.

Le procureur de la Cour suprême avait demandé la levée de l'immunité de cette députée après qu'elle eut tenté de faire passer une balle de pistolet à son mari, lors de sa garde à vue dans les locaux centraux de la police d'Athènes.