Le «Notre Père», prière centrale des chrétiens du monde entier, va être légèrement modifié dans sa traduction française en usage depuis 1966 dans l'Église catholique, a annoncé mardi la conférence des évêques de France.

Dans la nouvelle traduction destinée au monde francophone, qui a été validée par le Vatican, la supplique «ne nous soumets pas à la tentation», donnant à penser que Dieu tentait le fidèle pour l'éprouver, deviendra «ne nous laisse pas entrer en tentation».

Le Créateur, loin de pousser le pêcheur sur la pente glissante du péché, comme beaucoup de catholiques l'ont intimement perçu, s'érigera en protecteur bienveillant, le retenant pour qu'il ne commette pas la faute.

Une nouvelle édition de la Bible liturgique, réalisée sous la houlette de l'assemblée épiscopale liturgique pour les pays francophones, tiendra compte de ce changement, qui sera progressivement introduit dans les autres livres officiels, a indiqué mardi Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France.

La correction apportée au Notre Père, si elle ne dépasse pas une ligne, est d'une importance majeure pour les catholiques. Depuis près de 50 ans, la formule «ne nous soumets pas à la tentation» apparaissait «non pas défectueuse, mais confuse», selon Mgr Podvin.

Pour les chrétiens, Dieu est «infiniment bon et source de toute bonté». La possibilité qu'il puisse soumettre, donc entraîner, mettre sur la voie, appâter, tenter l'Homme par le mal, cela paraissait passablement pervers. Pire : pour les croyants, ce rôle est dévolu au démon tentateur, à Satan.

En outre, pour eux, Dieu laisse à l'homme la liberté de décider. Autrement dit, Il est censé être neutre et ne l'influer ni dans un sens, ni dans l'autre.

Enfin, soumettre à la tentation une créature qui sera par la suite contrainte de Le supplier pour se racheter est assez paradoxal.

«Notre Père» est la prière la plus récitée par l'ensemble des chrétiens dans le monde. Elle figure dans les Évangiles selon Saint Matthieu et Saint Luc et sa première version a été écrite en grec ancien, d'où découlent toutes les traductions.

L'actuelle version française, adoptée après un compromis oecuménique passé en 1966, après la fin du concile Vatican II, avec les orthodoxes et les protestants, est restée sujette à débat. Certains orthodoxes et certains protestants avaient opté pour d'autres formulations.

On ne connaît pas exactement le nombre des fidèles catholiques, mais la planète compte 220 millions de francophones répartis dans plus de 75 pays.