Après sa mort il y a trois jours, le criminel de guerre nazi Erich Priebke a continué de susciter la controverse lundi, l'Église lui niant des funérailles religieuses tandis que l'Argentine refuse sa dépouille et que les proches de ses victimes réclament son incinération.

«S'il n'y a pas d'autre solution, alors il faudrait procéder à l'incinération et disperser ses cendres comme le furent celles de nos grands-parents», a déclaré lundi Riccardo Pacifici, président de la communauté juive de Rome.

Priebke, le capitaine SS responsable du massacre des Fosses Ardéatines à Rome en 1944 (335 civils tués dont 75 juifs), est mort vendredi à l'âge de 100 ans et sa dépouille se trouve à l'Institut de médecine légale de l'hôpital Gemelli, à Rome. Il vivait depuis près de 15 ans dans la capitale, assigné au domicile de l'un de ses avocats, après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité pour ce crime.

Le directeur du Centre Simon Wiesenthal, Efraim Zuroff, qui lutte pour que les criminels nazis répondent de leurs crimes, a lui aussi proposé une crémation.

L'incinération est «la solution la plus efficace pour qu'il ne reste aucune trace d'un criminel nazi comme Priebke. Le cadavre de Hitler a été brûlé, et cela s'est révélé la solution la meilleure, parce que cela permettait la destruction de tout ce que le nazisme avait représenté», a déclaré le responsable de l'organisation juive à La Stampa.

Pour lui, il faudrait l'effectuer en Allemagne, qui a «les lois les plus idoines pour éviter que les funérailles et l'inhumation ne se transforment en un show de néonazis» à Rome.

L'avocat de Priebke, Me Paolo Giachini, qui avait initialement annoncé ses funérailles mardi dans une église de la capitale italienne, avant que l'évêché de Rome ne l'interdise, a affirmé au quotidien Il Corriere della Sera que la cérémonie, d'ordre privé, pourrait finalement se faire chez lui, en toute discrétion, lundi soir.

Quant au lieu de son inhumation, le doute persiste encore. Me Giachini, qui avait annoncé qu'il serait enterré près de son épouse à San Carlos de Bariloche, en Argentine, où il s'était réfugié après la guerre et avait vécu ensuite pendant plus de 40 ans, s'est vu répondre par le gouvernement argentin qu'il refusait de recevoir sur son territoire le corps du criminel nazi.

L'avocat a également mentionné la possibilité d'inhumer son client au cimetière militaire allemand de Pomezia, près de Rome, mais un responsable a affirmé à l'AFP que c'était impossible, Erich Priebke n'étant pas «mort au combat».

L'Allemagne a également été évoquée pour la destination finale de la dépouille. En tant que citoyen allemand, «il peut naturellement être inhumé en Allemagne», a expliqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand.

«Mais le gouvernement n'a ni motif ni raison de se prononcer sur le lieu où M. Priebke sera ou devrait être enterré. Il n'y a (...) aucune sollicitation officielle de la part des autorités italiennes. C'est une décision que les proches de M. Priebke doivent prendre», a-t-il ajouté.

Dimanche, des militants du mouvement fasciste «Militia» ont tenté de déposer un bouquet de fleurs sous les fenêtres de l'appartement où avait vécu Priebke, mais en ont été empêchés par la police.

De nombreuses voix, notamment dans la communauté juive romaine, se sont élevées pour rappeler que le 16 octobre serait célébré le 70e anniversaire de la déportation d'un millier de juifs du ghetto de Rome.

Le maire de gauche de Rome, Ignazio Marino, a refusé l'idée d'un enterrement de Priebke dans la capitale italienne aux motifs d'ordre public, même si la loi prévoit normalement que les personnes décédées dans la municipalité puissent y être enterrées.

Le préfet de police de Rome, Fulvio della Rocca, a pour sa part interdit lundi, justement pour des raisons d'ordre et de sécurité, toute cérémonie «publique» d'obsèques pour Priebke dans toute la province de Rome.