Soixante-dix ans après la révolte du camp de Sobibor, plusieurs centaines de personnes dont trois survivants et de jeunes Israéliens, ont rendu hommage lundi aux victimes de ce camp de la mort installé par l'Allemagne nazie dans l'est de la Pologne.

La révolte de Sobibor, organisée par un des déportés, un officier de l'Armée rouge, Alexandre Petcherski, le 14 octobre 1943, est considérée comme la plus importante évasion de prisonniers d'un camp nazi pendant la guerre.

Quelque 300 prisonniers ont alors réussi à s'échapper en faisant une brèche dans les barbelés, alors que 80 autres ont été tués par les gardiens. Près de 170 révoltés ont ensuite été capturés par les nazis et fusillés.

«Le 14 octobre, à 17 heures, nous, les prisonniers de l'usine de la mort de Sobibor, réduits à l'état d'esclaves, terriblement exténués, torturés chaque jour, avons réussi à faire face à l'ennemi», a déclaré lors de la cérémonie l'un des trois insurgés Thomas Blatt, 86 ans.

«Nous avons combattu avec des couteaux, des haches, des pelles et avec nos prières», a-t-il ajouté devant les participants dont le ministre israélien de l'Éducation Shai Moshe Piron et le secrétaire d'État au ministère néerlandais de la Santé Martin van Rijn.

«La force physique est importante mais la force de l'esprit est encore plus importante», a-t-il souligné.

Avec deux autres insurgés Filip Bialowicz et Jules Schelvis, ils ont été décorés de la médaille de l'ordre du mérite décernée par un responsable de la présidence polonaise.

Tous les trois ont posé des bougies allumées au pied d'un tertre funéraire contenant les restes des victimes, dont celles de leur proches.

«Si la révolte n'avait pas éclaté, je ne serais certainement pas en vie. Sobibor était un lieu où on pouvait seulement entrer, sans pouvoir en sortir», a dit Krzysztof Grzesiak, âgé de cinq ans à peine au moment de la révolte.

Avant la cérémonie, les survivants ont rencontré des jeunes lycéens polonais et israéliens pour témoigner de l'Holocauste.

«Je suis venu ici pour connaître et garder en mémoire ce qui s'est passé dans ces lieux», a déclaré à l'AFP Daniel Sirinov, un jeune Israélien de 18 ans, venu à Sobibor avec quelque 130 jeunes de son lycée.

Les souvenirs de Thomas Blatt rassemblés dans son livre ont servi de scénario au film Les rescapés de Sobibor. Habitant aujourd'hui en Californie, il revient chaque année à Sobibor à l'occasion de cet anniversaire.

De mai 1942 à l'été 1943, quelque 250 000 juifs, essentiellement déportés de l'est de la Pologne mais aussi des Pays-Bas, de République tchèque et de Slovaquie, ont péri dans ce camp. Après la révolte, les nazis ont rasé les installations du camp et construit à la place une ferme pour dissimuler les traces de leurs crimes.