Forts de leurs succès locaux un peu partout en Europe, les partis eurosceptiques et europhobes de droite devraient progresser lors des élections européennes de mai, sans cependant remettre en cause la majorité pro-européenne du Parlement.

Ces élections seront «extrêmement difficiles», vient de reconnaître le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Pour autant, il ne se montre pas inquiet. Il y aura «toujours une majorité» pro-européenne au Parlement, a-t-il affirmé.

Le Parlement européen demeure le royaume du consensus et du compromis politique. La très grande majorité des textes sont adoptés par des coalitions pro-européennes rassemblant les quatre principaux groupes politiques (démocrates-chrétiens du PPE, sociaux-démocrates, libéraux et écologistes). Alors que le PPE constitue le premier groupe du Parlement, c'est un socialiste qui préside l'institution. Cette «collusion» politique, dénoncée par les eurosceptiques, devrait perdurer dans la prochaine législature, prédisent les sondages.

Ils prévoient aussi que les partis eurosceptiques feront probablement un score élevé. Un récent sondage indique que le Front national de Marine Le Pen pourrait arriver en tête du scrutin européen en France. Le FN compte actuellement trois élus au Parlement européen, dont Mme Le Pen elle-même. Affiliés à aucun groupe, les eurodéputés FN sont quasiment inaudibles parmi leurs 763 collègues.

Pour composer un groupe politique, il faut 25 députés élus dans au moins un quart des États membres de l'UE.

Siéger dans un groupe politique permet de disposer de moyens offerts par le Parlement (en 2011 un budget de 54,8 millions d'euros se répartissait entre les groupes): collaborateurs, secrétariat, bureaux, salles de réunion, traduction, budget pour la communication, mais aussi de temps de parole proportionnel à la taille du groupe.

Si le nombre d'élus eurosceptiques sera sans aucun doute supérieur à 25, il n'est pas certain qu'ils soient capables de se coaliser.

Extrême droite morcelée

Le Parlement européen compte actuellement un groupe europhobe, Europe liberté démocratie (EFD), que dirige le Britannique Nigel Farage, leader de l'UKIP. Avec 32 députés, dont le Français Philippe de Villiers, ce groupe a un poids politique négligeable.

Pour peser davantage, Geert Wilders, le président du parti nationaliste néerlandais PVV, connu pour ses sorties contre l'islam, a appelé de ses voeux une large coalition europhobe au Parlement européen.

Ce groupe pourrait rassembler le Vlaams Belang belge, le Front national français, la Ligue du Nord italienne et Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui ne compte actuellement aucun eurodéputé. Son objectif est de rassembler les partis qui se positionnent «contre l'UE et contre l'immigration massive», a indiqué M. Wilders.

Mme Le Pen voudrait également travailler avec le Parti de la liberté autrichien (FPÖ), aujourd'hui chez les «non-inscrits». Le parti des Vrais Finlandais, actuellement non représenté au Parlement européen, pourrait également faire partie de cette alliance.

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Les europhobes britanniques de l'UKIP, qui forme l'ossature du groupe EFD, ne veulent pas entendre parler de l'alliance proposée par le leader du PVV. Les députés italiens de la Ligue du Nord qui siègent au sein de l'EFD pourraient préférer rester au sein de ce groupe. Les Démocrates suédois (SD) qui pourraient entrer dans le prochain Parlement européen, ont d'ores et déjà rejeté la proposition de M. Wilders.

Ni M. Wilders, ni M. Farage ne sont prêts à s'allier avec les encombrants députés hongrois du Jobbik et d'autres députés «nationalistes» de Slovaquie, de Roumanie, de Bulgarie ou du British National Party, tous accusés de dérives racistes. Si le mouvement néo-nazi grec Aube Dorée envoie des députés au Parlement européen, il ne sera jamais accepté par l'EFD ou le groupe souhaité par M. Wilders.

Face à une extrême droite morcelée, il est donc peu probable que le prochain Parlement européen change son orientation pro-européenne.