L'ancien capitaine SS Erich Priebke est mort vendredi à Rome, après avoir passé près de quinze ans assigné à résidence dans la capitale italienne pour le massacre des Fosses Ardéatines, au terme d'années de procès au cours desquelles il n'avait jamais renié ses convictions nazies.

Erich Priebke avait été condamné en 1998 en Italie à la réclusion à perpétuité pour sa participation au massacre des Fosses Ardéatines, à Rome en mars 1944, durant lequel 335 civils italiens avaient été tués. Le massacre avait été décidé en représailles d'un attentat commis par des résistants romains contre une unité SS.

Priebke est «mort à l'âge de 100 ans», a laconiquement annoncé l'un de ses avocats, Me Paolo Giachini à l'AFP. L'ancien nazi avait été assigné à résidence pour raisons de santé depuis 1999 dans l'appartement de Me Giachini dans la banlieue nord de Rome, où s'est formé un petit attroupement de journalistes.

L'avocat a indiqué que Priebke serait enterré près de son épouse à San Carlos de Bariloche, au sud-ouest de Buenos Aires, où il s'était réfugié après la guerre.  Mais le gouvernement argentin a aussitôt annoncé qu'il refusait de recevoir sur son territoire le corps du criminel nazi.

«Le ministre des Affaires étrangères Hector Timerman a donné l'ordre de ne valider aucune procédure permettant l'arrivée du corps du criminel nazi Erich Priebke dans notre pays. Les Argentins n'acceptent pas de type d'outrages à la dignité humaine», a annoncé le ministère sur son compte Twitter.

Aucune chapelle ardente ne sera installée à Rome à sa mémoire.

«La dignité avec laquelle il a supporté les persécutions en font un exemple de courage, de cohérence et de loyauté», a commenté dans un communiqué Me Giachini, proche de l'extrême droite, précisant que Priebke a laissé «un testament humain et politique», sous forme d'entretien écrit et vidéo.

Dans cette interview réalisée fin juillet, à l'occasion de ses 100 ans, Priebke se fait l'écho de thèses révisionnistes sur l'existence des chambres à gaz, selon le document diffusé par l'agence TGCom.

Pendant son procès, Priebke, surnommé le «Boucher», n'avait déjà exprimé aucun remords. En première instance en août 1996, il avait affirmé avoir été forcé de participer au massacre parce que «l'ordre était venu directement d'Hitler, à Berlin».

Il avait assuré que «celui qui aurait refusé d'obéir aurait été envoyé devant le tribunal des SS».

Puis, devant la Cour d'appel du tribunal militaire de Rome, en mars 1998, il s'était encore justifié : «Ma mort n'aurait pas permis de sauver ces innocents. Cet épisode m'a poursuivi pendant toute ma vie mais je n'ai jamais voulu échanger ma dignité contre une exhibition publique de repentance».

Retrouvé en Argentine, en mai 1994, après y avoir vécu tranquillement pendant des décennies comme hôtelier à San Carlos de Bariloche, puis extradé en Italie, en novembre 1995, il avait plaidé l'irresponsabilité.

«Je suis innocent», avait-il clamé, en rejetant la faute sur les résistants italiens.

A l'annonce du décès de l'ancien nazi, les réactions n'ont pas manqué en Italie, et en premier lieu celle de la communauté juive - parmi les 335 civils tués se trouvaient 75 juifs.

«Ceux qui sont morts aux Fosses Ardéatines sont des anges et ils s'occuperont de lui pour l'éternité. Priebke devra leur rendre compte dans l'autre monde», a réagi Riccardo Pacifici, le président de la communauté juive de Rome. «Il n'a jamais avoué ses péchés de jeunesse (...), n'a jamais eu de pitié pour ses victimes ni pour leurs familles», a-t-il déploré.

Le président de l'Association nationale des partisans italiens (résistants au fascisme et durant la Seconde guerre mondiale - Anpi), a juré qu'il ne «pleurerai(t) certainement pas» cet «assassin féroce et ce nazi».

«Il a tué plus de personnes qu'un serial killer, il ne s'est jamais repenti. En outre, il a vécu une très longue vie, et heureuse en plus», s'est offusqué Francesco Polcaro à l'annonce de son décès.

Pour l'un des avocats des familles des victimes, Me Gian Carlo Maniga, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'il «n'a jamais exprimé une parole de remords, n'a jamais parlé de ses doutes».

Sur les réseaux sociaux, les internautes se sont souvent félicités de ce décès arrivé, selon eux, «trop tard».