Le président sortant de l'Azerbaïdjan Ilham Aliev, au pouvoir depuis qu'il a succédé à son père en 2003, a remporté une large victoire mercredi soir avec plus de 84% des suffrages d'une présidentielle sous contrôle, selon des résulats partiels.

La Commission électorale centrale a annoncé que M. Aliev avait remporté 84,7% des voix sur la base du dépouillement de 36% des bulletins, en ropute pour un troisième mandat.

Son principal adversaire de l'opposition, Jamil Hasanli, ne totalisait que moins de 5% des voix, selon ces résultats partiels.

Déjà les sondages à la sortie des bureaux de vote donnaient Ilham Aliev vainqueur avec plus de 80% des suffrages.

Le candidat de l'opposition a d'ores et déjà dénoncé des fraudes «massives» et a averti qu'il ne reconnaîtrait pas les résultats du scrutin.

La Commission électorale centrale a même annoncé mardi, soit 24 heures avant le scrutin, la victoire du président sortant Ilham Aliev.

Une application pour téléphones intelligents a envoyé (par erreur) à ses utilisateurs une alerte annonçant la large victoire d'Aliev, un jour avant le scrutin. Une bévue rapidement corrigée par les autorités, mais qui semble en dire long sur la légitimité de l'élection.

Un millier de partisans du président sortant ont commencé à célébrer sa victoire avant même l'annonce des résultats officiels, chantant et dansant lors d'un concert de musique pop dans le centre de Bakou.

La participation a atteint 72% des 5 millions d'électeurs, a indiqué la Commission électorale centrale à la clôture du scrutin.

«Nous pouvons dire qu'Ilham Aliev a été élu à la présidence pour un nouveau mandat de cinq ans», a dit le secrétaire exécutif du parti au pouvoir, Ali Ahmedov.

«Le scrutin a été en général pacifique et il n'y a pas eu de fraudes majeures», a-t-il affirmé.

Ilham Aliev a voté à Bakou, la capitale, accompagné de son épouse Mehriban et de leurs deux filles, sans faire de déclaration à la presse.

Dix candidats étaient en lice pour la présidence de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud riche en hydrocarbures, même si personne n'avait d'illusions sur l'issue du scrutin.

Les opposants ont fait état de nombreuses irrégularités mercredi, affirmant que les mêmes électeurs votaient plusieurs fois dans différents bureaux de vote.

Des «fraudes massives», selon l'opposition

«Des fraudes massives ont eu lieu dans tout le pays», a affirmé l'état-major du candidat d'opposition Jamil Hasanli dans un communiqué.

L'opposition «ne reconnaît pas les résultats de cette élection qui n'a été ni libre ni juste», a ajouté l'état-major.

M. Aliev, 51 ans, a succédé à son père en 2003 et a été réélu en 2008 pour un deuxième quinquennat, avant d'obtenir par référendum en 2009 la levée de la limitation à deux mandats présidentiels consécutifs.

Il n'a guère fait campagne, ses partisans affirmant que ses résultats économiques parlaient pour lui.

Grâce aux milliards de dollars de la manne pétrolière, le niveau de vie dans ce pays d'un peu moins de 10 millions d'habitants a crû régulièrement ces dernières années.

«Bien sûr, je vais voter pour notre président actuel Ilham Aliev», a déclaré Rizvan Samedov, 25 ans, directeur de marketing. «Sous sa direction, le pays s'est vraiment développé».

Avant M. Aliev, son père Heydar Aliev, ancien du KGB (Sécurité d'État du temps de l'URSS) et membre du Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique, avait dirigé l'Azerbaïdjan presque sans interruption de 1969 à 2003.

Près de 52 000 observateurs locaux et internationaux surveillaient le déroulement de l'élection, et l'OSCE doit donner une conférence de presse jeudi à Bakou.

Les opposants et Amnesty International ont dénoncé une campagne de répression à l'approche du scrutin, avec nombre d'arrestations et des lois pour bâillonner toute critique jusque sur l'internet.

Habituellement divisée, l'opposition, dont la plus grande partie avait boycotté l'élection de 2008, a réussi en mai à s'entendre pour soutenir un candidat commun, Jamil Hasanli, historien et ancien député.

Lors de brèves apparitions dans des débats, M. Hasanli, 61 ans, a accusé Ilham Aliev d'avoir laissé fleurir la corruption, et a estimé que seule la fraude pouvait apporter la victoire à ce dernier.

«Si les élections étaient libres, démocratiques et honnêtes, je les remporterais, je n'en ai aucun doute», a affirmé M. Hasanli à l'AFP.

Malgré la présence d'observateurs étrangers, la critique du scrutin risque d'être peu relayée en raison de l'importance stratégique des hydrocarbures de l'Azerbaïdjan pour les Européens.

Selon les experts, Ilham Aliev devra continuer sa politique prudente, préservant les ventes de pétrole à l'Europe et l'alliance avec les États-Unis, tout en évitant d'irriter le grand voisin russe.