Les émissaires du Parlement européen en Ukraine ont signé et présenté au président ukrainien Viktor Ianoukovitch une demande de grâce de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, condition clef posée par l'UE pour un accord d'association.

La mission de l'ex-président polonais Alexandre Kwasniewski et de l'ex-président du Parlement européen Pat Cox presse un peu plus le pouvoir ukrainien de libérer l'opposante, à l'approche d'un sommet crucial avec l'UE en novembre.

«J'ai rencontré les représentants de la mission du Parlement européen Cox et Kwasniewski. Ils m'ont autorisé à vous annoncer qu'aujourd'hui, au cours d'une rencontre avec Viktor Ianoukovitch, ils ont remis une demande de grâce signée par eux-mêmes», a déclaré l'avocat de Mme Timochenko, Sergui Vlassenko.

L'Ukraine espère conclure en novembre, pendant un sommet du Partenariat oriental à Vilnius, un accord d'association considéré comme le premier pas vers une adhésion de cette ex-république soviétique à l'UE.

Bruxelles s'est dit prêt à le signer si Kiev faisait des progrès dans le respect de l'État de droit et reconsidérait la situation de l'opposante et ex-premier ministre Ioulia Timochenko.

Incarcérée depuis près de deux ans, Mme Timochenko avait été condamnée en octobre 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir dans la signature, lorsqu'elle était première ministre, d'un contrat gazier avec la Russie, jugé désavantageux pour son pays.

L'opposante est aussi jugée pour une affaire de fraude fiscale et a été inculpée de complicité d'assassinat d'un député en 1996, des accusations qu'elle rejette toutes, y voyant une vengeance politique du président Ianoukovitch, son ancien rival élu en 2010.

Les poursuites à l'encontre de Mme Timochenko, et les soupçons de motivations politiques, ont provoqué une grave crise entre l'Ukraine et l'Union européenne.

L'Allemagne a proposé à plusieurs reprises d'accueillir l'égérie de la Révolution orange de 2004, qui purge actuellement sa peine à l'hôpital de Kharkiv (est) où elle a été transférée pour des hernies discales.

Mais le pouvoir ukrainien a argué jusqu'à présent que la loi ne prévoyait pas cette possibilité pour les personnes détenues en Ukraine.

Une grâce lèverait cet obstacle et permettrait à Mme Timochenko de partir à l'étranger, a estimé M. Vlassenko.

L'opposante a dit vendredi souhaiter être soignée en Allemagne.

«J'accepte publiquement cette proposition non pas parce que je ne fais pas confiance aux médecins ukrainiens. Ce n'est pas (à eux que) je ne fais pas confiance, mais au régime», a-t-elle déclaré, citée par des médias locaux.

«Mon éventuel départ en Allemagne n'est pas une émigration. Je ne demanderai jamais l'asile politique. (...) Je participerai de la manière la plus active à la libération de l'Ukraine de la dictature», a poursuivi Mme Timochenko.

Vendredi, le président ukrainien a par ailleurs donné des gages aux Occidentaux en limogeant l'adjoint du procureur général, Renat Kouzmine, considéré comme un acteur clé de l'emprisonnement de l'opposante.

Les États-Unis ont annulé l'an dernier son visa de cinq ans, des sources diplomatiques indiquant que cette décision était liée aux poursuites contre Mme Timochenko.

M. Kouzmine va désormais occuper des fonctions au Conseil de sécurité et de défense ukrainien, a indiqué la présidence.