Un nonagénaire, arrêté en mai pour avoir servi en tant que gardien à Auschwitz, a été inculpé jeudi pour complicité de meurtre, a annoncé le parquet de Stuttgart (sud-ouest) dans un communiqué.

Le parquet de Stuttgart ne donne pas l'identité de cet homme de 93 ans, mais, selon les médias allemands, il s'agit de Hans Lipschis. Des éléments de biographie fournis par le parquet confortent cette thèse.

Le cas Lipschis fait partie des 30 dossiers pour lesquels l'Office central d'enquête sur les crimes du national-socialisme, basé à Ludwigsburg (ouest), avait annoncé début septembre vouloir que des procédures soient engagées par les parquets régionaux allemands.

«Le parquet de Stuttgart a inculpé un ancien gardien SS du camp de concentration d'Auschwitz, âgé de 93 ans, pour complicité de meurtre», indique le communiqué diffusé jeudi.

«Il est reproché au prévenu d'avoir, du 23 octobre 1941 jusqu'au 31 janvier 1943, et du 1er avril 1943 jusqu'au 29 septembre 1943, exercé des activités de gardien au sein du camp de concentration d'Auschwitz et d'avoir ainsi favorisé les actions d'extermination», a précisé le parquet, selon qui 12 convois de déportés sont arrivés à Auschwitz dans la période où l'inculpé s'y trouvait.

Après la guerre, cet ancien gardien avait d'abord «vécu dans le nord de l'Allemagne, avant d'émigrer à Chicago, aux États-Unis en 1956», selon le communiqué.

«Au début des années 80, lorsqu'il a été connu, dans le cadre de sa procédure de naturalisation qu'il avait fait partie en tant que membre de la SS du groupe des surveillants d'Auschwitz, la nationalité américaine lui a été refusée avec pour conséquence son expulsion des États-Unis à la fin 1982. Depuis, le prévenu vivait dans le district d'Ostalb», à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Stuttgart, a-t-on ajouté.

«La première chambre du tribunal de grande instance d'Ellwangen (sud-ouest), compétent en raison du dernier domicile du prévenu, doit maintenant décider de l'ouverture d'un procès ainsi que du calendrier des audiences», souligne encore le communiqué.

Plus de 6000 personnes ont travaillé à Auschwitz, où quelque 1,1 million de Juifs, Tziganes, homosexuels ou opposants politiques ont péri dans des chambres à gaz, d'épuisement ou de maladie.