Le navire de Greenpeace pris d'assaut jeudi dans l'Arctique par les forces de sécurité russes doit arriver mardi à Mourmansk, où les militants risquent des poursuites pour une action sur une plateforme du géant Gazprom, a indiqué lundi l'ONG.

«Il semble que l'arrivée aura lieu mardi matin. Le bateau a été ralenti, en raison des conditions climatiques», a déclaré à l'AFP un porte-parole de Greenpeace.

Les autorités russes ont déclaré que l'Artic Sunrise qui, selon l'ONG a été pris d'assaut manu militari par des hommes armés de mitraillettes, était tiré par un remorqueur russe, son capitaine ayant refusé d'obtempérer.

Les militants de Greenpeace se trouvant à bord du navire battant pavillon néerlandais risquent de sérieuses poursuites.

Vendredi, le Comité d'enquête russe a indiqué avoir reçu du service des garde-frontières du FSB (Service fédéral de sécurité) des éléments selon lesquels l'action de Greenpeace dans l'Arctique pouvait s'apparenter à de la piraterie, un crime passible en Russie de 15 ans de prison.

L'Arctic Sunrise a été dépêché dans la mer de Petchora, dans l'Arctique russe, pour protester contre des projets d'exploitation pétrolière de Gazprom dans cette région.

Mercredi, deux militants de Greenpeace, originaires de Suisse et de Finlande, ont été interpellés lors d'une intervention musclée des garde-frontières, alors qu'ils avaient escaladé la plateforme pétrolière Prirazlomnaïa.

Ils ont été relâchés après avoir passé quelques heures à bord d'un navire des garde-côtes, et ont pu rejoindre l'équipe de l'Arctic Sunrise.

Mais jeudi, les garde-frontières ont lancé, selon Greenpeace, un assaut armé pour prendre le contrôle du brise-glace.

Des commandos armés de fusils d'assaut sont descendus d'un hélicoptère à bord de l'Arctic Sunrise et ont enfermé tout l'équipage dans le mess, selon l'ONG.

Depuis la prise d'assaut, l'organisation écologiste a organisé de nombreuses manifestations devant des ambassades russes à travers le monde.

Réagissant à ces actions, Sergueï Ivanov, chef de l'administration présidentielle russe, a néanmoins estimé que Greenpeace avait agi «de manière trop radicale» et comparé l'action des militants à celle de pirates somaliens.

«Beaucoup de gens en Russie pensent que c'est de la piraterie et de la piraterie dans le style somalien», a-t-il déclaré, selon les agences de presse russes.

Greenpeace n'a de son côté cessé de dénoncer l'assaut «illégal» de son navire, celui-ci s'étant produit, selon l'ONG, alors que l'Artic Sunrise se trouvait en dehors des eaux territoriales russes.

Lundi, une quarantaine d'ONG écologistes russes et d'ex-URSS ont publié une lettre ouverte au président Vladimir Poutine, appelant à la libération immédiate des militants.

«Compte tenu de l'importance extrême de la sécurité environnementale dans l'Arctique, ainsi que de la nature exclusivement pacifique des actions des participants, les organisations de Russie et de la CEI vous appellent à libérer l'équipage du navire Arctic Sunrise et les militants se trouvant à bord», est-il écrit dans cette lettre, notamment signée par le directeur du Fonds mondial pour la nature (WWF) pour la Russie, Igor Tchestine.

Les ONG écologistes ont estimé que l'arrestation des militants était «particulièrement cynique», alors qu'un important forum sur l'Arctique doit avoir lieu cette semaine dans la ville russe de Salekhard, en Sibérie occidentale.