La mère de la petite Maddie, disparue en 2007 au Portugal, a assisté jeudi à Lisbonne au début du procès qui l'oppose à l'ancien inspecteur chargé de l'affaire, que la famille McCann poursuit en diffamation et accuse d'avoir perturbé l'enquête sur la disparition de leur fille.

«Je suis ici aujourd'hui pour Madeleine», a dit à la presse Kate McCann, visiblement émue, à sa sortie du tribunal. «Je suis venue ici pour arrêter la souffrance que subit ma famille», a-t-elle ajouté avant de s'éclipser, refusant de répondre aux questions des journalistes.

Les traits tirés, Kate McCann était arrivée jeudi matin au tribunal pour ce procès qu'elle a intenté à Gonçalo Amaral, chargé de l'enquête après la disparition de la petite Maddie le 3 mai 2007 alors qu'elle dormait dans une chambre d'un complexe touristique de Praia da Luz, une petite station balnéaire du sud du Portugal.

Le couple McCann, qui s'est toujours dit convaincu de l'enlèvement de Madeleine, attaque M. Amaral pour le livre «Maddie, l'enquête interdite», qu'il a publié en juillet 2008, trois jours à peine après que l'affaire eut été classée, et dans lequel il défend la thèse de la mort accidentelle de la fillette, mettant en cause ses parents.

«Mes clients demandent réparation pour ces accusations. Ils réclament 1,25 million d'euros», a déclaré à l'AFP l'avocate portugaise du couple britannique, Isabel Duarte.

«Je n'envisage même pas que la justice ne soit pas rendue en faveur de mes clients», a-t-elle affirmé.

En septembre 2007, le couple avait été mis en examen, soupçonné par Gonçalo Amaral d'avoir dissimulé le cadavre de leur fille après un décès accidentel. Depuis, les McCann ont été blanchis et l'enquête a été classée par la police portugaise.

Tout au long de la journée, des proches des McCann se sont succédés à la barre de la Cour de justice de Lisbonne pour témoigner des conséquences sur la vie de la famille de la publication de ce livre et de son adaptation dans un documentaire diffusé à la télévision portugaise.

«Ce livre a eu un impact très fort auprès du grand public (...) et les a beaucoup blessés», a confié Susan Hubbard, l'épouse d'un pasteur anglican qui a connu le couple en 2007, quelques jours après la disparition de la fillette à Praia da Luz.

«Cette affaire les a dévastés. Ils ont perdu l'espoir à cette époque là», a renchéri quelques minutes plus tard Emma Loach, auteur de deux documentaires pour la télévision sur l'affaire Maddie.

Derrière elle, se tenait Kate McCann vêtue d'une robe noire aux motifs colorés, les mains entrelacées, se tournant régulièrement vers son avocat pour qu'il traduise les principaux échanges. A l'autre bout du banc de la salle d'audiences, Gonçalo Amaral, le regard dans le vide, griffonnait régulièrement des messages sur des feuilles d'un cahier à spirale qu'il arrachait ensuite pour les faire parvenir à son avocat.

David Edgar, responsable de l'équipe de détectives privés engagés par le couple entre 2008 et 2011, s'avance à la barre à son tour : après la publication du livre de M. Amaral, l'idée «que la fillette était morte a fait son chemin dans l'opinion», et du coup, le public a moins participé à la recherche de Maddie, selon lui.

Les autorités portugaises ont accepté début août de collaborer avec la police britannique qui a relancé l'enquête au Royaume-Uni.

Le procès doit reprendre vendredi, avec les témoignages de membres de la famille McCann, ainsi que du psychologue qui a suivi les frères jumeaux de la petite Maddie, Sean et Amelie.

Kate McCann devait repartir vendredi matin en Grande-Bretagne et n'assistera pas aux prochaines audiences la semaine prochaine. Les plaidoiries finales sont fixées au 27 septembre.