La droite a remporté les élections législatives lundi en Norvège, ouvrant la voie à un nouveau gouvernement dominé par les conservateurs secondés, pour la première fois de l'histoire de la riche nation scandinave, par un parti populiste anti-immigration.

Pressentie pour être le futur Premier ministre, la patronne du parti conservateur, Mme Erna Solberg, a revendiqué «une victoire électorale historique» pour la droite et s'est engagée «à donner un nouveau gouvernement au pays».

Le chef de la coalition de gauche sortante, le travailliste Jens Stoltenberg, a concédé sa défaite. «Je présenterai la démission de mon gouvernement après la présentation du budget le 14 octobre quand il sera clair qu'il y a une base parlementaire pour un nouveau gouvernement», a-t-il dit.

Les quatre formations de droite et de centre droit disposent d'une confortable majorité de 96 sièges sur 169 au Parlement, selon les projections réalisées après dépouillement de trois-quarts des suffrages.

Au pouvoir depuis 2005, la coalition de M. Stoltenberg ne recueillerait que 72 sièges, selon les mêmes projections, un résultat qui sonne l'alternance dans un pays à la prospérité économique pourtant exceptionnelle en Europe.

Le dernier mandat reviendrait à un parti écologiste indépendant.

Victorieuses dans les urnes, les quatre formations de droite doivent encore s'entendre sur une plateforme de gouvernement dans les semaines à venir.

Le «bloc bourgeois» est très hétéroclite, regroupant les conservateurs, la droite populiste (parti du Progrès, FrP) et deux partis de centre droit, les démocrates chrétiens et les libéraux, en désaccord sur de nombreuses questions comme l'immigration ou le climat.

Confiné dans l'opposition depuis sa naissance il y a 40 ans, le parti du Progrès a promis des «négociations serrées» par la voix de sa chef Siv Jensen, qui s'est engagée à laisser une «empreinte forte» dans un futur programme commun.

Sur le papier, tout semblait plaider pour un statu quo politique: après avoir traversé la crise sans casse, la Norvège, riche en pétrole, affiche une santé économique remarquable avec un chômage négligeable et des niveaux de vie très élevés.

Résolument à l'écart de l'Union européenne, elle possède aussi le plus gros fonds souverain au monde, pesant quelque 750 milliards de dollars.

Après huit années aux commandes, une longévité rarissime en Norvège, la gauche a pourtant été victime d'une usure du pouvoir et des défaillances des autorités apparues lors des attaques de l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik.

Le 22 juillet 2011, Breivik avait tué 77 personnes en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo puis en ouvrant le feu sur un rassemblement de Jeunes travaillistes sur l'île d'Utoeya.

Héros d'une nation meurtrie qui avait trouvé les mots justes en promettant «plus de démocratie» et «plus d'humanité» face à l'horreur, M. Stoltenberg a ensuite vu son image écornée par le rapport d'une commission indépendante qui avait conclu que le massacre aurait pu être évité.

Paradoxalement, les élections de lundi devraient donc ouvrir les portes du pouvoir au parti du Progrès, dont Breivik a été membre jusqu'en 2006.

Crédités de 29 mandats, soit 12 de moins qu'au précédent scrutin de 2009, les populistes font figure d'alliés incontournables pour les conservateurs qui décrocheraient, eux, 48 sièges.

Les deux partis de centre droit, avec leurs 19 sièges, pourraient soutenir un tel gouvernement, sans pour autant nécessairement y participer.

Le parti du Progrès s'est nettement démarqué de Breivik et a mis la question de l'immigration en sourdine mais reste favorable à une politique ultra-restrictive en la matière.

Ilot de prospérité, la Norvège attire les étrangers: 70 000 d'entre eux y ont immigré l'an dernier, dont 25 000 non-Européens, gonflant rapidement la population qui compte un peu moins de 5,1 millions d'individus.

Malgré la défaite électorale de la coalition sortante, les travaillistes restent le principal parti au Parlement, avec 55 mandats. En cas de zizanie à droite, ils pourraient faire valoir leur taille pour rester au pouvoir à la tête d'un gouvernement minoritaire.