Les dirigeants des plus importantes puissances économiques de la planète se rencontrent aujourd'hui à Saint-Pétersbourg, en Russie, pour le sommet du G20. Objectif officiel: discuter de gouvernance et de croissance économique. Mais le dossier syrien et le différend entre Barack Obama et Vladimir Poutine risquent d'éclipser une partie du programme officiel.

Croissance économique

C'est officiellement la raison de la rencontre. Alors que les machines économiques des États-Unis et de la zone euro semblent finalement vouloir repartir, les pays émergents, eux, trébuchent. Frédéric Mérand, directeur du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CERIUM), rappelle que des pays comme l'Inde, le Brésil et l'Indonésie ont vu récemment la valeur de leur monnaie péricliter.

«Après avoir braqué les projecteurs sur la crise de la zone euro lors des deux derniers sommets, on va retourner à une vision plus large et plus internationale», explique Thomas Bernes, associé au Centre for International Governance Innovation et ex-haut placé du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Plutôt que de se concentrer sur l'austérité, comme lors des sommets précédents, la question de savoir comment créer des emplois sera maintenant sur toutes les lèvres.

La Syrie

La crise syrienne n'est pas au programme du G20, dont la mission est avant tout économique. Mais selon Frédéric Mérand, du CERIUM, ce sera l'éléphant dans la pièce pendant toute la durée du sommet.

«Tous les regards vont être portés sur cet enjeu, ne serait-ce que parce que les journalistes vont poser des questions là-dessus», dit M. Mérand.

Selon lui, les États-Unis et la France vont profiter des discussions de corridor pour plaider la légitimité d'une éventuelle intervention contre le régime de Bachar al-Assad. Ils voudront voir aussi si la Russie, la Chine et le Brésil, opposés à une intervention, ne feront que s'opposer diplomatiquement ou mettront de véritables bâtons dans les roues si des frappes punitives surviennent contre Damas.

Le froid Obama-Poutine

L'affaire a été qualifiée de "camouflet" par les experts. Insulté de voir que la Russie avait donné refuge à Edward Snowden, ce délateur à l'origine du scandale des écoutes électroniques aux États-Unis, Barack Obama a annoncé le mois dernier qu'il annulait le tête-à-tête prévu en marge du sommet avec son homologue russe Vladimir Poutine. Depuis, le dossier syrien a encore fait grimper la tension entre les deux chefs d'État.

«Le tête-à-tête est annulé, mais il y aura des discussions entre les deux hommes, précise Thomas Berner. Ils vont passer deux jours ensemble et vont se voir dans les dîners et les rencontres informelles.» L'expert ne s'attend cependant à aucun adoucissement des tensions russo-américaines.

L'évasion fiscale

Le sommet du G20 pourrait-il être l'occasion d'envoyer finalement un signal fort pour enrayer l'évasion massive d'argent vers les paradis fiscaux?

C'est ce que souhaite en tout cas l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui a fait beaucoup de travail en amont pour régler cette question.

«Des moments comme celui-ci, il y en a une fois par siècle», a dit à l'AFP Pascal Saint-Amans, responsable des questions fiscales à l'OCDE, en parlant du sommet qui démarre aujourd'hui.

Deux solutions figurent au programme officiel: forcer l'échange de renseignements fiscaux entre les différents pays et combattre l'évitement fiscal des entreprises, qui connaissent les moindres failles dans les systèmes de chaque pays pour payer le moins d'impôt possible.

L'OCDE a rappelé que l'équivalent de 2,4 milliards de dollars canadiens se sera envolé vers les paradis fiscaux pendant les deux jours du sommet, soit la moitié du budget national d'un pays comme le Sénégal.

- Avec Agence France-Presse