Celui qui affrontera demain dans un débat télévisé la chancelière allemande sortante Angela Merkel est encore bien loin d'une victoire aux élections législatives du 22 septembre prochain. Peer Steinbrück, candidat social-démocrate, termine une campagne électorale difficile. Il est perçu par plusieurs comme arrogant, mal à l'aise sur le terrain. Saura-t-il faire mentir les sondages et charmer les électeurs avec un nouveau plan sévère envers les plus riches? Portrait en trois temps de l'homme qui tente le tout pour le tout pour déloger la «chancelière de fer».

Un plan pour changer l'Allemagne

Le temps file pour Peer Steinbrück et l'écart qui le sépare du pouvoir demeure considérable, selon les sondages. Pour relancer le débat public sur autre chose que les manchettes publiées cet été, qui l'ont dépeint comme un conférencier millionnaire loin de vivre la réalité des électeurs qu'il courtise, l'homme politique a publié un plan pour ses 100 premiers jours comme chancelier, s'il est élu. Sa priorité: donner aux Allemands un salaire minimum de 8,50 euros de l'heure - une politique économique qui n'existe pas dans son pays. Il espère aussi rallier les électeurs de centre gauche qui ont été charmés par la chancelière Angela Merkel en haussant les impôts de ceux qui gagnent plus de 100 000 euros par année, les faisant passer de 42% à 48%.

Un problème d'image

Peer Steinbrück, 66 ans, saura-t-il se débarrasser de son image de riche conservateur? Deux mois après avoir été désigné candidat à la chancellerie pour le Parti social-démocrate, un journal allemand disait qu'il a affirmé qu'il n'achetait «jamais une bouteille de vin à seulement 5 euros». M. Steinbrück a aussi été ministre des Finances sous la coalition d'Angela Merkel entre 2005 et 2009, alors que l'Europe traversait la plus importante tempête économique des dernières années. Il avait alors sévèrement coupé dans l'aide sociale. L'homme idéal pour la gauche, Peer Steinbrück? C'est l'image qu'il espère malgré tout projeter, en tissant des liens étroits avec le Parti vert, avec qui il pourrait former une coalition.

Un défi presque insurmontable

Pour mesurer l'ampleur du défi qui attend Peer Steinbrück s'il espère devenir le prochain chancelier, il faut comprendre ce que représente Angela Merkel pour le peuple allemand. Surnommée «Mutti» par plusieurs (Maman), elle est perçue comme une figure stable qui permet au pays de traverser la crise économique européenne. Âgée de 59 ans, elle est la première femme à avoir dirigé l'Allemagne. Docteure en physique, ayant grandi en République allemande démocratique sous le régime communiste, elle forme une coalition aux assises solides avec les libéraux.

Avec Agence France-Presse et Le Monde