Le Portugal, qui a vu partir en fumée des dizaines de milliers d'hectares de forêt, ne connaît pas de répit sur le front des incendies qui mobilisent des centaines de pompiers à bout de force, aidés par des habitants inquiets face à la progression des flammes.

«Je n'ai pas dormi de la nuit ! Il n'y a pas de mots pour décrire cette situation», a confié à l'AFP une quinquagénaire, qui a passé des heures à surveiller la progression des flammes ravageant la forêt autour de sa maison dans le petit village d'Alagoa, dans le centre du Portugal.

«Tout a brûlé autour de nous», constate son mari, visiblement désespéré, un seau d'eau à la main pour éteindre les braises.

Les pompiers portugais étaient toujours mobilisés mardi après-midi pour venir à bout des feux de forêt qui se sont intensifiés dans la nuit en raison de vents forts et ont fait un deuxième mort en une semaine parmi les pompiers, selon la protection civile.

Un pompier de 23 ans a succombé mardi à ses blessures survenues jeudi dernier dans un important incendie dans la chaîne de montagnes de Caramulo (centre).

Ce pompier volontaire de la banlieue de Lisbonne était venu en renfort pour aider à combattre cet incendie dans lequel une jeune femme pompière avait déjà trouvé la mort jeudi.

Ce décès porte à quatre le nombre de pompiers tués depuis le début des incendies en août.

Miguel Cruz, adjoint à la coordination des opérations nationales de lutte contre les incendies, ne cache pas son inquiétude : «Le faible taux d'humidité de l'air, des températures qui ne baissent pas assez et des vents forts qui risquent de continuer dans les prochains jours, nous préoccupent», a-t-il dit à l'AFP.

Des maisons menacées par les flammes

Le Portugal a demandé il y a une semaine l'aide de l'Espagne et de la France, qui ont dépêché deux avions Canadair chacune.

«La mission des avions français doit se terminer jeudi, mais nous avons demandé une prolongation. Nous attendons la réponse», a précisé M. Cruz.

«Nous n'avons pas redemandé à l'Espagne, car nous sommes conscients qu'ils font face eux-mêmes à une situation difficile», a-t-il ajouté.

Des pompiers luttaient mardi en Espagne contre les flammes qui menaçaient des maisons et avaient déjà ravagé 1200 hectares en Galice, dans le nord du pays.

Au Portugal, l'armée se tient prête à intervenir si la situation s'aggrave, a indiqué un porte-parole du ministère de la Défense à l'agence Lusa.

Dans l'après-midi, plus de 850 pompiers combattaient sept grands incendies dans le nord et le centre du pays. Le feu le plus important faisait rage dans les environs de Oliveira de Frades, dans le district de Viseu (centre).

Cet incendie, maîtrisé lundi soir, a repris dans la nuit. Il mobilisait mardi plus de 370 pompiers appuyés par une centaine de véhicules et les deux Canadair français.

Au coeur de cette zone, les maisons du village de Santo Adriao ont été menacées par les flammes de plus de 10 mètres de haut. La population restait mobilisée à la mi-journée pour tenter d'éviter de nouveaux départs de feu.

Un chapeau vissé sur la tête pour se protéger du soleil, Maria de Fatima fait des allers-retours entre le lavoir du village et sa maison, deux seaux en plastique noirs remplis d'eau de chaque côté, pour arroser les braises encore chaudes à quelques mètres à peine de sa maison.

«Cela me fait mal au coeur !» s'exclame cette femme de 61 ans, en regardant la forêt calcinée.

Selon le dernier rapport de l'Institut de conservation de la nature et des forêts (ICNF), près de 31 000 hectares sont partis en fumée au Portugal entre le 1er janvier et le 15 août.