La commission électorale de Moscou a annoncé jeudi qu'elle pourrait invalider la candidature d'Alexeï Navalny à l'élection du maire de la capitale russe le 8 septembre, ce qui traduit selon l'opposant numéro un à Vladimir Poutine les craintes croissantes des autorités.

Le chef de la commission électorale de Moscou, Valentin Gorbounov, a indiqué que cette dernière allait se réunir «prochainement» pour examiner les violations dans la campagne du candidat de l'opposition.

«Si les violations dépassent les normes établies par la loi, alors la question d'annuler l'enregistrement du candidat Navalny se posera», a-t-il ajouté, dans des propos confirmés par un porte-parole à l'AFP.

Le chef de la commission électorale a précisé disposer de nombreuses plaintes, notamment sur du matériel de campagne illégal, selon les agences russes.

Presque au même moment, le tribunal municipal de Moscou a rejeté la demande de l'opposant d'invalider la candidature du maire sortant Sergueï Sobianine, soutenu par le parti au pouvoir. M. Navalny arguait que son rival n'avait pas déposé tous les documents nécessaires lors de l'enregistrement de sa candidature, un argument réfuté par la commission électorale.

M. Navalny a jugé que les autorités craignaient qu'ils fassent un bon score au scrutin.

«Oh! La commission électorale de Moscou déclare qu'on peut retirer ma candidature. Le second tour est devenu inévitable, et SOUDAIN»..., a écrit M. Navalny sur Twitter.

Sergueï Sobianine est le grand favori de ce scrutin. Mais ces dernières semaines, l'opposant et son équipe ont multiplié les actions, notamment les rencontres avec des électeurs dans la rue, afin d'inverser cette tendance.

Selon un sondage de l'institut pro-pouvoir VTSIOM publié mi-août, M. Navalny arriverait en deuxième position avec 13 % des voix à l'issue du scrutin, contre près de 67 % pour M. Sobianine.

Selon un autre sondage, de l'institut COMCON, aussi publié mi-août, M. Navalny récolterait 19,9 %, contre 63,5 % pour M. Sobianine.

L'opposant a assuré sur la radio Écho de Moscou qu'il n'y avait pas de motif juridique pour retirer sa candidature.

«Aussi bien moi que mon équipe de campagne agissons en toute légalité, tant en ce qui concerne la récolte de fonds que la diffusion de matériel de campagne», a-t-il dit.

Le chef de son équipe, Leonid Volkov, a indiqué que la commission électorale faisait allusion à la saisie récente de matériel de campagne dans un appartement à Moscou, qualifié d'«illégal» par les forces de l'ordre.

Après cette saisie, la commission électorale avait accusé M. Navalny de recourir à des «procédés malhonnêtes» dans sa campagne. L'équipe de ce dernier avait de son côté affirmé que tout son matériel de campagne était «en stricte conformité avec la loi électorale».

En août, M. Navalny avait aussi été accusé de recevoir des financements étrangers pour sa campagne, ce qui est interdit.

Selon les analystes, une invalidation de sa candidature est toutefois peu probable, dans la mesure où l'opposant pourrait ensuite dire qu'on lui a volé sa victoire.

«Je ne vois pas de logique politique derrière cela», a déclaré à l'AFP Nikolaï Petrov, de l'École supérieure d'Économie, estimant que les autorités cherchaient sans doute à ternir la campagne de l'opposant.

«Ils envoient un message pour dire que c'est une personne qui ne mérite pas d'être soutenue», a-t-il ajouté.

Devenu opposant numéro un au président russe Vladimir Poutine pendant les manifestations de 2011-2012, Alexeï Navalny a été condamné le 18 juillet à cinq ans de prison pour détournements de fonds d'une exploitation forestière publique, une affaire qu'il considère fabriquée de toutes pièces.

Il a cependant été remis en liberté le lendemain jusqu'à l'examen de son appel. La date de cet examen n'a pour l'instant pas été annoncée.