Le gouvernement d'experts tchèque de l'économiste Jiri Rusnok, proche allié du président de gauche Milos Zeman, a échoué mercredi à obtenir la confiance des députés, nouvelle étape de la crise politique tchèque qui peut déboucher à brève échéance sur des législatives anticipées.

Souvent appelé «gouvernement présidentiel», le cabinet de M. Rusnok, 52 ans, n'a été soutenu que par 93 de l'ensemble des 193 députés présents au moment du vote.

La chambre des députés tchèque compte 200 sièges. Une majorité simple de parlementaires présents au moment du vote était requise pour que le cabinet obtienne la confiance.

«Il s'agit d'une défaite honnête», a affirmé M. Rusnok à la presse, peu après le vote. Selon lui, ce résultat peut «servir de catalyseur» pour l'autodissolution de la chambre basse et l'organisation rapide d'élections anticipées, jusqu'ici réclamée surtout par le Parti social-démocrate CSSD, en tête des sondages.

M. Rusnok a ajouté qu'il présenterait sa démission formelle jeudi ou vendredi, pour rester en place comme chef d'un «gouvernement en démission».

Les partis de l'ancienne coalition de centre droit se sont joints mercredi soir aux appels à la tenue d'élections anticipées. Les négociations dans ce sens peuvent commencer jeudi, selon la présidente de la Chambre basse, Miroslava Nemcova, du parti de droite ODS.

Le gouvernement de M. Rusnok a remplacé celui de centre-droit de Petr Necas, tombé après l'arrestation spectaculaire de sa collaboratrice et maîtresse, Jana Nagyova, sur des accusations de corruption qui se sont presque toutes évanouies par la suite.

Le président Zeman a affirmé mercredi matin, dans un vibrant plaidoyer favorable au gouvernement Rusnok, que ce «cabinet de transition avait déjà réalisé un grand nombre de choses utiles, telles que la hausse du salaire minimum».

Après l'échec du cabinet au Parlement, la Constitution permet à M. Zeman une deuxième tentative, dans un délai qui n'est pas précisé. La loi fondamentale prévoit aussi une troisième tentative, pilotée, elle, par le chef de la chambre basse.

M. Zeman a confirmé qu'il allait laisser le cabinet Rusnok au pouvoir au moins pendant les «quelques semaines» que doit durer encore l'enquête sur l'affaire de Mme Nagyova.

Mme Nemcova assurait encore mercredi matin que l'ancienne coalition de centre-droit composée des partis de droite ODS et TOP09 et des centristes LIDEM était forte d'au moins 101 députés et voterait comme un seul homme contre le gouvernement.

De fortes dissensions se sont toutefois fait sentir dans ce camp pendant la journée. Deux députés de l'ODS et la présidente de LIDEM, Karolina Peake, ont fini par quitter la salle avant le scrutin, refusant de voter contre le gouvernement.

Ils ont ainsi fait savoir que la droite ne disposait plus de la majorité, même fragile, au sein de la chambre basse et ne pouvait plus aspirer à former le gouvernement. D'où sa décision de négocier avec les sociaux-démocrates une autodissolution de la chambre basse.

«Si la majorité active des 101 voix n'existe pas, nous ne pourrons pas former le gouvernement», a constaté l'ancien ministre des Finances Miroslav Kalousek, vice-président de TOP09.

«Nous ferons tout pour lutter contre les caprices autocratiques introduits dans notre système politique par le président Milos Zeman», a-t-il souligné.

L'organisation du scrutin anticipé serait «la solution la plus raisonnable», selon l'analyste Tomas Lebeda, interrogé par l'AFP.

Si les grands partis politiques se mettent rapidement d'accord sur les élections anticipées, le scrutin pourra avoir lieu fin octobre ou début novembre. Des problèmes pourraient ainsi surgir avec l'approbation du budget pour 2014.

«Si la chambre des députés s'autodissout réellement, ce qui n'est pas encore sûr à 100%, nous n'aurons pas de chambre basse et nous aurons un gouvernement sans confiance. Reste le Sénat qui assumera certaines compétences de la chambre basse, et le président, ce qui serait une situation sûrement très intéressante pour lui», a analysé M. Lebeda.