Des incidents ont opposé lundi une dizaine de moines dissidents du Mont-Athos, sous le coup depuis plusieurs années d'un ordre d'expulsion du haut lieu de l'Orthodoxie, et une délégation venue leur signifier leur départ, chassée, selon la police, à coups de cocktails Molotov.

Selon une source policière locale, ces moines du monastère décrété schismatique d'Esphigmenou, retranchés dans une dépendance de leur communauté, à Karyès, ont jeté des engins incendiaires sur le représentant de justice qui s'est présenté dans la matinée accompagné d'un petit groupe de personnes.

Les irréductibles affirment pour leur part avoir fait face à un assaut des visiteurs qui ont cherché à enfoncer la porte du bâtiment au moyen d'un mini-bulldozer.

«Nous n'avons pas jeté de cocktails Molotov, tout au plus des objets qui nous tombaient sous la main. Vous ne réagiriez pas comme ça si on tentait de vous chasser de chez vous de cette façon et que la police, présente, ne réagissait pas ?», s'est indigné le porte-parole des moines schismatiques d'Esphigmenou, Iraklis Moraitis, interrogé par l'AFP.

«C'est sans doute la première fois qu'il est fait usage d'engins incendiaires sur le Mont-Athos, c'est une affaire qui relève maintenant de la justice», a réagi auprès de l'AFP le gouverneur de Mont-Athos, république monastique semi-autonome située au nord-est de la Grèce Aristos Karmiroglou.

Ces incidents s'inscrivent dans le conflit opposant depuis plusieurs années la direction du Mont-Athos et les moines d'Esphigmenou, rebelles à leur hiérarchie par traditionalisme et radicalisme anti-papiste. Des affrontements, au cours desquels des moines ont été blessés, se sont déjà produits à plusieurs reprises.

Retranchés dans leur monastère, où flotte un drapeau noir «L'orthodoxie ou la mort», les dissidents sont censés laisser la place à la nouvelle communauté monastique d'Esphigmenou, légaliste, créée il y plusieurs années déjà par les dirigeants de la «Montagne sacrée».

Dirigé par l'archimandrite Méthodios, le monastère d'Esphigmenou est passé dans la dissidence il y a 40 ans, lors des premières ouvertures du patriarcat oecuménique en direction de l'Église de Rome, un sacrilège pour ses membres.