Trois Femen ukrainiennes, militantes connues pour leurs apparitions seins nus, ainsi qu'un ancien photographe de l'AFP ont été interpellés samedi à Kiev au moment où les trois femmes tentaient de manifester contre la visite du président russe Vladimir Poutine, a indiqué samedi la police.

Une patrouille de police a vu vers 13 h GMT trois jeunes femmes seins nus avec des inscriptions sur leurs corps et un homme qui les prenait en photo», a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police.

«Ils ont refusé d'obtempérer et ont été interpellés et amenés dans un commissariat», a précisé le porte-parole Igor Mikhalko.

Femen a auparavant déclaré que trois de ses militantes et le photographe avaient été  «passés à tabac par des inconnus qui les ont ensuite emmenés en voiture vers une destination inconnue».

Selon Anna Goutsol, dirigeante du mouvement, il s'agit du photographe Dmitri Kostioukov qui avait travaillé au bureau de Moscou de l'AFP.

Dans la matinée c'est Anna Goutsol elle-même qui a été agressée peu avant le début de la visite en Ukraine de Poutine qui y participe à des célébrations religieuses pour le 1025e anniversaire de l'introduction du christianisme dans la Russie kiévienne.

«Les services spéciaux russes aidés par les services ukrainiens mènent une campagne de terreur contre les militants de Femen à cause de la visite des ennemis de la démocratie, le dictateur Poutine et le pope Kirill (patriarche orthodoxe russe)», ont écrit les Femen dans un communiqué.

«C'est Poutine et les bigots qui l'entourent qui sont responsables d'attentats contre les militants de Femen», a déclaré le mouvement.

Dans la matinée Anna Goutsol rentrait dans son immeuble à Kiev après avoir promené son chien quand un homme non identifié lui a donné un coup de poing au visage, s'est emparé de son animal, puis s'est enfui.

«Un homme, un inconnu, m'a sauté dessus du haut des escaliers, m'a frappée au visage, a volé mon chien et a fui», a raconté Anna Goutsol à l'AFP, affirmant qu'elle avait remarqué la veille qu'elle avait été suivie.

«Je lui ai couru après, mais j'ai juste eu le temps de voir qu'il s'était engouffré dans une voiture et qu'il était parti avec mon chien», a-t-elle ajouté.

«Cela m'est égal de savoir qui c'est, un membre du SBU (Service de sécurité ukrainien) ou un bandit engagé par lui», a dit la militante féministe, estimant qu'il s'agissait là d'un acte d'intimidation sur fond de festivités à forte connotation politique ce week-end en Ukraine.

Vladimir Poutine est arrivé samedi en Ukraine, une ancienne république soviétique, pour y célébrer le 1025e anniversaire de l'introduction du christianisme dans la Russie kiévienne.

Un homme présenté comme le «consultant politique» des Femen, Viktor Sviatski, avait révélé jeudi avoir été violemment frappé la veille au soir près des locaux du mouvement féministe à Kiev, un acte également dénoncé comme ayant été une tentative d'intimidation avant la visite du président russe.

Le mouvement Femen, fondé en Ukraine et dont le siège est désormais à Paris, mène depuis plusieurs années des actions dans le monde entier pour dénoncer notamment le sexisme et les discriminations à l'encontre des femmes : ses membres surgissent soudainement, seins nus, le corps barré d'inscriptions, pour attirer l'attention.

Le groupe dénonce en outre l'homophobie, la collusion entre l'État et l'Église, les régimes autoritaires et les fraudes aux élections.

Il s'en est déjà pris au président Poutine, en avril à Hanovre (Allemagne).