Plus de 40 départements se préparaient samedi soir à subir de nouvelles foudres du ciel, moins de 24 heures après les orages violents qui ont blessé grièvement deux personnes et plongé plus de 150 000 foyers dans le noir.

Les épisodes orageux, qui ont commencé jeudi soir, devaient toucher samedi soir et dimanche matin une large bande au centre de la France et une partie du nord-est comprenant 42 départements, placés en alerte orange par Météo France.

Auparavant, vers 10 h 30 samedi, un facteur a été frappé par la foudre dans la rue, à Nantes. Il a été hospitalisé et se trouvait samedi soir dans un état «critique». À Pauillac (Gironde), une femme de 70 ans, a aussi été grièvement blessée, prise sous les décombres de sa maison sur laquelle est tombé le clocher de l'église.

Dans la nuit de vendredi à samedi, l'ensemble du sud-ouest était en première ligne et les habitants ont décrit des orages aux éclairs d'une rare intensité accompagnés de véritables trombes d'eau qui ont inondé des centaines de caves.

À partir de 23 h, les pompiers ont répondu à plus de 1650 appels en Gironde, dont 1115 dans l'agglomération bordelaise Quelque 14 000 impacts de foudre,  jusqu'à 60 mm d'eau/cm2 en une heure, et de violentes rafales de vent, ont été enregistrés avec un pic de 165 km/h à Pauillac.

Quatre établissements hospitaliers de l'agglomération bordelaise ont été inondés ainsi que le Grand Théâtre de Bordeaux et l'usine Sanofi.

Le vent a fait chuter des arbres sur les lignes, entraînant coupures de courant, dégâts sur les routes, voies ferrées, toitures et voitures.

L'épisode orageux «a commencé sur le golfe de Gascogne, pour remonter sur le bassin d'Arcachon puis vers le nord», a expliqué un porte-parole de Météo France.

En Poitou-Charentes, les pompiers ont reçu quelque 700 demandes de secours en Charente, notamment à Cognac, particulièrement touchée, 300 en Charente-Maritime et 567 dans la Vienne. Ceux de Mayenne ont fait pus de 200 interventions.

En Vendée au moins une centaine d'interventions ont été nécessaires jusqu'en début de journée. Dans l'après-midi, un nouvel épisode orageux, «particulièrement violent» a touché principalement la côte vendéenne et les pompiers ont enregistré 170 demandes d'interventions.

Dans l'Oise, les pompiers ont été appelés plus de 500 fois alors que la Loire-Atlantique, qui n'est pas classée en alerte orange, a été touchée samedi après-midi par des orages, entraînant 250 interventions, dont l'évacuation d'un camping à Machecoul.

Vers 17 h, 78 000 foyers restaient sans électricité, principalement en Aquitaine et Poitou-Charentes. Ils étaient 160 000 au petit matin selon ERDF.

Passagers bloqués

Par ailleurs, 53 000 clients étaient privés de téléphone samedi à 17 h en Aquitaine et Poitou-Charentes, selon Orange.

Les chutes d'arbres ont fortement perturbé le trafic ferroviaire en ce jour de grands départs, où 260 000 voyageurs devaient transiter par Paris-Gare de Lyon et 203 000 par Paris-Montparnasse.

Sur l'axe Paris-Bordeaux, le trafic des TGV n'a repris complètement que dans l'après-midi après une interruption en début de journée dans les deux sens.

En revanche, la ligne reliant Bordeaux à Arcachon était interrompue samedi en fin d'après-midi tout comme les liaisons Bordeaux-Le Verdon et Saintes-Angoulême, selon la SNCF.  Une reprise de la ligne Poitiers-Limoges, suspendue dans la matinée, était prévue en fin de journée.

En gare de Bordeaux, pendant que des centaines de passagers faisaient la queue devant le bureau de vente et d'information, d'autres préféraient attendre dehors, fuyant la moiteur de la gare, dont le sous-sol était encore sous dix centimètres d'eau en fin de matinée.

Le trafic aérien a été suspendu à Orly et à Roissy à partir de 6 h 30, selon Aéroports de Paris, pendant 45 minutes, mais les retards étaient résorbés en début de matinée.

Le vent et la grêle ont causé des dégâts sur la vigne de manière très localisée dans le bordelais notamment à Arveyres, Génissac, Fronsac et Lalande-Pomerol mais «rien de dramatique», a indiqué Bernard Farges, directeur du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB).

Dans la région de Cognac, «quelques rangs de vignes ont été couchés mais il n'y a pas de grosse catastrophe», a indiqué Jean-Philippe Painturaud, viticulteur à Segonzac et organisateur de la Fête du Cognac.