Les locaux des Femen situés dans un quartier populaire de Paris ont été détruits dans la nuit de samedi à dimanche par un incendie pour lequel la police privilégie la piste accidentelle, alors que le groupe féministe évoque des «coïncidences troublantes».

Ces jeunes activistes seins nus, dont la chef de file ukrainienne Inna Shevchenko a récemment obtenu l'asile en France, est au coeur de plusieurs polémiques.

Le feu a pris «peu avant 05H00 du matin» (23h00, heure de Montréal), dans la chambre d'Inna Shevchenko, qui n'était alors pas présente, alors que plusieurs membres du groupe dormaient dans les locaux situés au deuxième et dernier étage du bâtiment qui abrite aussi une salle de spectacle.

«Je dormais profondément (...), toutes les lumières étaient éteintes et tout d'un coup, le feu. On a entendu un bruit de verre et des crépitements», a raconté à l'AFP Pauline Hillier, qui se trouvait dans la pièce où le feu a pris.

Cette jeune femme, ainsi que Marguerite Stern également présente dans les locaux, avaient été détenues près d'un mois en Tunisie pour une action seins nus le 29 mai à Tunis en soutien à la jeune Femen tunisienne Amina Sbouï arrêtée le 19 mai. Elles ont été condamnées en appel à quatre mois et un jour de prison avec sursis.

Pour la police, «aucun élément ne permet de déterminer l'origine du sinistre». Mais «nous retenons à ce stade l'hypothèse d'un départ de feu accidentel», a déclaré une source policière à l'AFP.

Aucun blessé n'est à déplorer, selon les pompiers.

«On est choquées, on est troublées, on aimerait savoir ce qui s'est réellement passé», a dit Pauline Hillier.

«On trouve qu'il y a beaucoup de coïncidences: ça arrive une semaine après la polémique du timbre», a-t-elle ajouté.

Récemment, la sortie d'un timbre-poste à l'effigie de Marianne, symbole de la République française, dont les traits ont été inspirés par le visage d'Inna Shevshenko, a suscité la polémique.

Le Printemps français, une nébuleuse d'opposants au mariage homosexuel pour la plupart liés à l'Église catholique, a dénoncé cette nouvelle Marianne «christianophobe, haineuse et idéologue!».

Inna Shevchenko avait aussi soulevé la colère d'internautes musulmans, au début du mois du Ramadan, pour un tweet diffusé le 9 juillet dans lequel elle demandait: «Qu'est-ce qui peut être plus stupide que le Ramadan? Qu'est-ce qui peut être plus laid que cette religion?»

«Les Femen ont beaucoup d'ennemis qui essaient de nous arrêter depuis longtemps», a déclaré dimanche Inna Shevchenko, pour qui l'incendie pourrait être lié à des «raisons politiques».

«On reçoit des messages de mort tous les jours. Hier, on a reçu un message sur le portable des Femen qui disait "Burn witches"» (brûlez, sorcières), a raconté Pauline Hillier.