La candidature de l'opposant Alexeï Navalny à la mairie de Moscou a été acceptée par la commission électorale locale mercredi, à la veille d'un verdict judiciaire qui pourrait cependant l'empêcher d'y participer.

«La décision est prise à l'unanimité», a annoncé le président de la commission électorale après un vote rapide.

M. Navalny, un avocat de 37 ans et blogueur, pourfendeur de la corruption, qui est devenu ces deux dernières années l'opposant n° 1 au président Vladimir Poutine, n'était pas présent.

Son représentant, Leonid Volkov, a déclaré aux journalistes qu'il avait préféré consacrer la journée à des formalités comme la signature de diverses procurations, en prévision d'une possible incarcération jeudi.

Le verdict doit en effet être rendu ce jeudi au procès de l'opposant à Kirov (900 km à l'est de Moscou) pour des accusations de détournements qu'il nie.

Une peine de six ans de camp a été requise contre lui. Toute condamnation, même avec sursis, l'écarterait du processus électoral.

La décision de la commission électorale était prévisible depuis que le maire sortant Sergueï Sobianine, un proche du président Vladimir Poutine nommé à la mairie de Moscou en 2010, mais qui a convoqué une élection anticipée pour septembre prochain, avait déclaré récemment qu'il fallait permettre à Alexeï Navalny de participer au scrutin.

Il avait notamment demandé aux députés municipaux, dont l'immense majorité est issue du parti au pouvoir Russie unie, d'accorder à l'opposant les signatures de soutien qui lui manquaient pour compléter son dossier de candidature.

Les autorités russes ont en effet été accusées par l'opposition de vouloir écarter Alexeï Navalny de la scène politique, par des poursuites judiciaires qu'il dénonce comme cousues de toutes pièces.

Alexeï Navalny, n'est crédité dans les sondages que de 8 % d'intentions de vote contre 78 % pour le maire sortant, mais il est devant les autres candidats comme le communiste Ivan Melnikov, et dénonce le monopole des grands médias ainsi qu'une campagne contre lui.

«La télévision nationale ne parle pas de moi, sinon pour dire que je suis un corrompu, un agent des Américains et un ennemi de l'État, les sondages montrent que 40 % des Moscovites n'ont pas entendu parler de moi», a-t-il déclaré dans un entretien publié mercredi par le quotidien populaire Moskovski Komsomolets.

L'opposant s'attend du reste à être condamné jeudi, et indique au quotidien apporter ses effets avec lui à Kirov en prévision d'une incarcération.

«Ils m'écartent de l'élection parce qu'ils ont peur», déclare-t-il encore dans l'interview, n'excluant pas d'appeler en définitive au boycottage du scrutin.